Le carême est une période de réflexion autour du mystère de la résurrection durant laquelle on essaie de mieux saisir les fondements de notre foi chrétienne. Ainsi, on jeûne et on se détache de ce qui nous est cher, on se met à la place des moins fortunés et on essaie de porter à notre façon la souffrance des autres.
Durant cette année de service civique en France, je vis pour la première fois ce temps d’introspection loin de mon pays. Dans un premier temps, se retrouver dans un pays étranger, loin de ses parents et de ses proches est déjà une forme de détachement qui n’a pas été facile à gérer. En effet, au début on ne pense pas trop à la distance. On est motivé, curieux et on découvre un tout autre style de vie. Ce n’est que plus tard que le manque vient s’installer. On ressent de plus en plus le besoin de revoir des visages familiers, de les serrer dans nos bras et de parler dans sa langue natale et on essaie de ne pas trop y penser. Pourtant, en début de carême, je me suis rendu compte que ce détachement était une réalité que je devais affronter. Pourquoi étais-je aussi loin de tout ce qui m’était familier ? C’est en trouvant la réponse que j’ai pu retrouver ma paix intérieure.
J’ai compris que j’étais là pour apporter ma contribution, aussi minime soit-elle, aux personnes qui en avaient le plus besoin.
Les écouter, compatir avec leurs souffrances, les réconforter, les rassurer et les accompagner dans toutes les étapes du chemin sinueux qu’ils traversent courageusement. Je devais essayer autant que possible d’aider mon prochain malgré les barrières de cultures, de langues et de religions. Le volontariat m’a donc appris à ne pas faire de distinctions parce que l’amour est gratuit et ne demande qu’à être distribué. Ce détachement que je vis n’est alors qu’un petit sacrifice que je suis plus qu’heureux de porter, puisqu’il m’a permis de vivre une expérience humaine sans précédent pour moi.
Finalement, je me suis aperçu que ce carême que je vivais en France n’était pas si différent de ceux que j’avais vécus au Liban. Au contraire, je crois qu’il donne beaucoup plus de sens à la réalité de ma foi chrétienne dans la mesure où il m’apprend à aimer sans frontière et à partager sans attendre de retour.

