Directrice d’une école primaire au Congo Brazzaville

Après deux ans passés à Nkayi, une petite ville du Congo Brazzaville, Marie-Aude a décidé de poursuivre son engagement de volontaire avec la DCC une troisième année, toujours au Congo, mais cette fois-ci dans un village plus isolé, Kingoue.

On aurait pu croire qu’ayant déjà de l’expérience en tant que directrice d’une école au Congo, il y aurait moins de surprises, mais je me suis vite rendu compte que les réalités sont différentes au village de Kingoue par rapport à la ville de Nkayi.

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La rentrée scolaire au Congo s’est faite le lundi 2 octobre. Beaucoup de parents attendent le jour de la rentrée pour venir inscrire leurs enfants. Il est donc toujours difficile de savoir combien d’élèves seront là. Mais j’étais loin d’imaginer qu’à Kingoue, aucun enfant ni aucun enseignant ne se présenterait à l’école. Ici, la notion du temps n’est pas la même que celle que nous avons en France, c’est bien plus marqué au village qu’à Nkayi, la ville de ma première mission. Il me faut apprendre la patience.

Les enseignants sont finalement arrivés à l’école, Notre Dame du Bon Cœur, le mercredi 4 octobre ; bien assez tôt puisque les élèves n’ont commencé à fréquenter l’école que le lundi 09. Nous avons même eu le temps de participer à une formation avant que les cours ne commencent.

Notre école a été créée, il y a quelques années, en soutien à l’école publique dont les salles sont surchargées, avec des effectifs de plus de 100 élèves par classe. Mais l’école publique étant gratuite, elle attire davantage. Pourtant, une meilleure répartition des enfants entre les 2 écoles permettrait à l’école publique d’offrir de meilleures conditions d’apprentissage avec moins d’élèves par classe, et à notre école de proposer des tarifs plus accessibles à tous. Mais nous rencontrons des difficultés à mobiliser les parents dans ce sens.

Nous avons de nombreux projets, cette année, pour offrir à nos élèves un enseignement plus rigoureux et plus riche, et nous différencier davantage de l’école publique : la réorganisation de la bibliothèque dans une nouvelle salle, l’ouverture d’une salle informatique, un accompagnement de soutien scolaire pour les élèves ayant des difficultés en lecture et écriture, l’utilisation de nouvelles méthodes pédagogiques en appui de celles préconisées par l’inspection.

Les premières semaines de cours ont été animées par le singe de l’orphelinat voisin qui vient jouer avec les enfants pendant les récréations. La cueillette des champignons a également eu beaucoup de succès : les enfants en ramassent en venant à l’école, et pendant la récréation. Les cartables en sont pleins. Parfois, les matins alors que les cours ont commencé, on aperçoit quelques-uns de nos élèves dans les champs voisins absorbés par leur récolte.

L’année s’annonce riche en rencontres et en découvertes. Des rencontres avec les habitants de Kingoue avec qui je dois perfectionner mon kituba et apprendre le téké (les langues locales) ; et qui j’espère me feront partager un peu de leur quotidien (me montrer comment on fabrique le manioc, me faire participer un peu aux travaux des champs…). Riche aussi en échanges avec les équipes de l’école et de l’orphelinat voisin sur les méthodes éducatives entre autres. J’espère aussi, par ces échanges, apprendre à mieux connaître le pays, ses coutumes, son histoire, les aspirations des habitants pour l’avenir.

L’expérience du volontariat c’est la confrontation à l’inconnu : accepter de se retrouver face à une multitude de situations qui nous semblaient inimaginables, savoir s’y adapter, et comprendre que chaque difficulté rencontrée est une opportunité de faire des découvertes, et vivre une nouvelle aventure…

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