Ancienne volontaire à Jérusalem, au Liban et en Palestine, Emilie est aujourd’hui bénévole chargée de mission en Israël et Palestine pour la DCC. En binôme avec Nathalie, elle accompagne les partenaires locaux et les volontaires sur le terrain, prospecte pour de nouveaux partenariats et s’assure de la pertinence des missions. Elle évoque pour nous les enjeux sur place…
En quoi est-ce important que la DCC soit présente en Israël et en Palestine ?
La Terre Sainte est le lieu auquel appartient tout chrétien, c’est formidable de se dire que la DCC, en tant qu’organisme d’envoi de l’Eglise de France, puisse proposer aux volontaires, parmi toutes ses missions, d’aller vivre sur ces lieux pendant un ou deux ans. C’est aussi capital qu’il y ait une présence de volontaires en Terre Sainte, cela manifeste une solidarité concrète avec cette terre et les peuples qui l’habitent.
Quels sont les besoins auxquels les volontaires peuvent contribuer ?
Ils sont très nombreux ! Dans le domaine de la santé, nous avons une volontaire DCC, Claire-Maëlle, qui est actuellement présente à Taybeh, en Palestine. Elle aide en tant qu’ergothérapeute dans la maison d’accueil pour personnes âgées du Patriarcat Latin de Jérusalem. Elle s’occupe notamment des personnes atteintes de la Covid-19. Les moyens ne sont pas les mêmes qu’en France : il n’y a pas encore de vaccin, pas d’assistance respiratoire, pas d’hôpitaux… L’apport de compétences est important, mais c’est aussi très signifiant pour les populations de voir que des volontaires viennent partager leur quotidien, dans les mêmes conditions de vie qu’eux.
Il faut savoir que Taybeh est le dernier village chrétien en Palestine, c’est un lieu important de pèlerinage et un petit ilot chrétien dans un océan d’islam. Or, avec la Covid-19 les pèlerins ne viennent plus et les populations chrétiennes sont coupées du reste du monde. Avoir un volontaire envoyé par la DCC, ça vient désenclaver un monde qui est fermé sur lui-même. La communauté locale nous demande à ce que des volontaires puissent venir chaque année.
Enfin, il y a un enjeu dans le domaine de l’enseignement. Les volontaires qui arrivent comme professeurs assistants en langue française permettent d’apporter une autre approche de l’enseignement et une ouverture à l’interculturel. Chacun peut ainsi s’enrichir des différences de l’autre et des pratiques qu’il peut observer.
Je me souviens qu’Anne, ancienne volontaire DCC, assistante de langue française à Zababdeh, disait : « La présence d’un volontaire francophone témoigne d’une présence occidentale positive dans les territoires palestiniens. Parce qu’elle permet un échange interculturel très riche et une ouverture vers l’extérieur, dans des territoires quasi fermés.»
Mais le besoin premier des chrétiens en Israël et en Palestine, c’est celui d’un tissu relationnel. Il n’y a que 1,5 % de chrétiens sur ce territoire, c’est très peu. Le volontariat DCC c’est une bouffée d’air pour les populations et pour l’église locale. Le volontaire va faire le lien entre l’Eglise universelle et l’église locale. Le développement principal auquel va contribuer le volontaire c’est un développement humain, qui est essentiel.
Quelle est la particularité du volontariat DCC ?
La particularité du volontariat DCC, elle est dans l’approche et dans la rencontre. Nos volontaires vivent au plus près des populations, ils viennent pour se remonter les manches et travailler, en adoptant les mêmes conditions de vie que les peuples qu’ils côtoient. La durée de la présence des volontaires est essentielle également : un ou deux ans, cela permet véritablement de rencontrer l’autre, de partager des regards différents, de grandir ensemble.
Je pense qu’en partageant une vie commune pendant un an, on contribue aussi à casser les stéréotypes. Il y a des ponts qui se créent.
En réalité, quand on parle de besoins, en santé, en enseignement… le volontaire DCC est à compétences égales avec les populations locales. Mais il va apporter des pratiques différentes, un autre regard dont on peut s’enrichir. De cette différence, le volontaire va s’en nourrir mais il va aussi nourrir la communauté. C’est ce « vivre ensemble », ce « tous frères », que l’on retrouve dans l’encyclique Fratelli Tutti du Pape François. Au-delà des besoins, je crois qu’en Israël et en Palestine, il y a une vraie soif pour cette approche différente.