Émeline, volontaire DCC au Liban a été envoyée en 2022 en tant que chargée de recherche de fonds pour un centre social qui accueille des enfants défavorisés. Elle nous fait part de ce qu’elle vit sur le terrain et nous raconte son expérience.
Aux vues de la crise que traverse le Liban, c’est très important pour les petites associations locales de pouvoir recevoir des fonds car l’État est tout simplement absent des questions sociales depuis 2020 et les dons nationaux se font rares. Il faut désormais faire appel à des ONG internationales ou des bailleurs étrangers. Le peu de visibilité médiatique de la situation au Liban n’aide pas, d’autant plus avec l’arrivée de de nouvelles crises partout dans le monde (guerre en Ukraine, séisme Turquie & Syrie, conflit au Sud Soudan, etc). Les caméras et les fonds se tournent plus vers ses nouvelles situations d’urgences ce qui rend ma tâche plus difficile.

N’ayant aucune expérience dans ce domaine avant de commencer cette mission, je ne savais pas vraiment par où commencer. Quels bailleurs contacter ? Comment les contacter ? Comment rédiger une proposition de projet ? Comment remplir les formulaires de demande de financement ? Comment réaliser un budget ? Quel montant demander aux bailleurs ?
Pour trouver des bailleurs, je m’appuie sur les archives du Foyer de l’Amitié, malheureusement, beaucoup n’existent plus ou bien n’interviennent plus au Liban depuis la fin de la guerre civile. Heureusement, il existe un nombre incalculable de fondations et d’associations dans le monde. Mais là encore, ce n’est pas si facile que cela. Il faut vérifier toutes leurs exigences : dans quels pays interviennent-ils ? Quels sont leurs axes d’actions ? Quel montant sont-ils prêts à allouer ? Faut-il être en soutenu par une structure de leur pays ou un de leur employé ? Proposent-ils des appels à projets annuels ou peut-on envoyer tout au long de l’année nos projets ?

La plus grande difficulté à laquelle j’ai été confrontée cette année est structurelle. Le Foyer de l’Amitié est une petite association, vieillissante, qui ne s’est pas mise à jour et n’a pas la culture de la recherche de fonds. Beaucoup de bailleurs nous demandent les objectifs précis de nos projets, le nombre de bénéficiaires directs et indirects avec la répartition (nationalité, homme, femme, enfants, âge), des mesures d’impact et une évaluation rigoureuse du projet avec des reportings à réaliser. Hélas, l’association ne prend pas compte de cela et nous ne pouvons donc pas prétendre à de nombreuses opportunités de financement.
Au cours de cette année, j’ai travaillé sur différents projets de financement :
- La rénovation d’une des maisons d’accueil pour les enfants
- Les frais de scolarité de nos 40 enfants et établir un système de parrainage avec des familles vivant à l’étranger (Canada, France, Belgique)
- L’installation d’un dispensaire à notre Institut Technique
- Un nouveau bus pour pouvoir emmener les enseignants à l’école car ils n’ont pas les moyens de payer l’essence pour leurs trajets quotidiens
- La rénovation de la piscine afin d’avoir une source de revenus cet été pour le Foyer de l’Amitié
- La création d’une branche de formation Éducation Physique et Sportive
C’est un travail qui demande :
- De la patience : les résultats des appels à projets peuvent mettre plusieurs mois.
- De la persévérance : nos demandes restent souvent sans-réponse ou bien les réponses sont négatives.
- De bonnes qualités rédactionnelles afin de rédiger les dossiers de proposition de projet, tout en ayant un bon esprit de synthèse car les personnes qui décideront de vous financer (ou non) ne vont pas lire vos dossiers s’ils sont trop longs.
- • Des qualités relationnelles : avec nos partenaires, nos financeurs, mais également avec toutes les parties prenantes des projets, qu’ils soient externes ou internes à l’association.
De plus, une fois par semaine j’aidais une autre association à Zahlé : Rayon d’Espoir, un Institut Médicoéducatif pour les enfants et jeunes en situation de handicap. Cela m’a permis de connaitre une autre manière de fonctionner, d’autres contraintes et d’autres projets (installation de panneaux solaires, équiper une clinique dentaire, trouver le financement pour payer les salaires des employés et le transport des enfants, aménagement d’un terrain agricole, etc).
Je partais en volontariat dans l’optique d’apprendre et de me mettre au service d’une association et ce fut une expérience enrichissante et remplie de challenges. Malgré la frustration que procure ce poste en recherche de fonds, la joie et l’excitation de recevoir des réponses favorables compensent largement !