Je m’appelle François Decq, 26 ans, de formation ingénieur en informatique à l’INSA de Rouen.
Je suis arrivé en septembre 2018 à Sokodé au Togo, initialement pour un an. Le séjour a assez naturellement été prolongé de six mois d’abord, puis de cinq mois, puis d’un mois, puis encore d’un mois, et enfin de quelques autres mois pendant la crise du coronavirus, qui ne fut rien d’autre qu’un prétexte pour moi pour prolonger un volontariat déjà extrêmement riche et passionnant. C’est donc avec une énorme boule au ventre que je vais rentrer en France dans le courant du mois de décembre 2020 après plus de deux ans à Sokodé qui ne me parurent pas aussi longs que l’on pourrait se l’imaginer. Pourtant, en termes culturels, de rencontres et d’expériences de vie, j’en ai vécu des choses pendant ces deux ans !
Ma mission a essentiellement consisté à enseigner l’informatique dans un institut de formation en informatique de niveau universitaire et de type LMD : l’IFNTI (Institut de formation aux normes et technologies de l’informatique). J’ai donc pris en charge un certain nombre de cours afin de contribuer à apporter des compétences solides aux étudiants, leur permettant d’obtenir un emploi, ce qui est généralement difficile après une licence au Togo tant les écoles de formations supérieures s’intéressent à l’argent plutôt qu’à la réussite de leurs étudiants. Une des principales tâches que je n’avais initialement pas anticipées a été donc de faire comprendre aux étudiants qu’ils ne venaient pas à l’IFNTI uniquement pour obtenir un diplôme mais surtout pour acquérir des compétences leur permettant d’obtenir un emploi. Tout cela en gardant en tête à la fois que le principal but est qu’ils deviennent acteurs du développement de leur pays, mais aussi les difficultés politiques de ce même pays.
Si je devais ne retenir qu’une expérience humaine que j’ai pu observer ici, c’est celle de mon partenaire Sabirou Téouri. Celui-ci est un ingénieur togolais ayant vécu 17 ans en France (notamment pour ses études) avant de revenir créer l’IFNTI afin de contribuer à développer l’enseignement supérieur dans son pays. J’ai pu apercevoir le sacrifice qu’il a dû faire et la pression sociale qu’il supporte encore aujourd’hui à être rentré au Togo. Peu de personnes ont soutenu la cause qu’il a défendue et qu’il défend encore aujourd’hui corps et âmes. Cette cause est pourtant tellement louable…
Ces proéminences de l’individualisme et du rapport à l’argent ont été pour moi quelques unes des principales difficultés auxquelles j’ai dû faire face durant mon volontariat. Cependant, j’en retiens tout de même une majorité de positif. J’ai énormément appris au cours de ce VSI. J’ai pu commencer à mettre des mots sur ce que je ne comprenais pas de la vie africaine, sur certains tenants et aboutissants de la vie politique de ce coin du monde et sur l’ensemble des questions avec lesquelles j’étais arrivé. J’ai également pu presque vivre comme un kotocoli (ethnie de Sokodé), que ce soit pour le côté accueillant, fraternel et solidaire que pour le côté carpe diem, satisfaction du peu et « ça va aller ».
J’ai énormément appris sur moi-même et sur les autres, et j’espère beaucoup pouvoir rapporter certains modes de vie avec moi en France.
J’ai ainsi également pu confirmer le choix sur lequel j’hésitais par rapport à ma vie professionnelle, puisque j’ai décidé de me présenter aux concours de l’enseignement dans le but de commencer à enseigner l’informatique au lycée à partir de la rentrée 2021-2022.