Guillaume est séminariste pour le diocèse de Reims et des Ardennes en formation à Paris. Il a partagé sa mission de volontariat avec la DCC en Palestine en tant qu’assistant de langue française et nous raconte son expérience sur le terrain.
J’ai été envoyé en mission pendant un an dans l’école du patriarcat latin à Taybeh. Je suis assistant en langue française, c’est-à-dire que j’aide les deux professeurs de l’école pour enseigner le français aux enfants. Cela se réalise concrètement par la prise de petits groupes d’enfants de la classe de la 4ème à la 7ème (l’équivalent de la CM1 à la 5ème en France), pour faire des activités en lien avec le cours abordé par le professeur en classe.

J’aide les professeurs pour mettre en place des activités et des évènements ludiques et pédagogiques pour soutenir le français dans l’école, comme la journée de la francophonie qui a eu lieu cette année le 20 mai. J’ai aussi participé au groupe de la radio du village. À cet effet un groupe de jeunes filles de l’école se réunissait chaque semaine pour préparer des chroniques en français sur différentes thématiques, comme par exemples interroger des étudiants palestiniens en France ou raconter une journée d’école à Taybeh. Dans le cadre de l’école, au delà d’enseigner le français et de défendre la francophonie, c’est avant tout la relation avec les enfants et les enseignants qui est enrichissante. C’est une véritable plongée culturelle en Palestine. En plus, j’ai la chance d’habiter en face d’une maison de retraite où aussi des volontaires français s’y succèdent.
C’est l’occasion pour moi d’élargir ma mission en allant visiter les personnes âgées ou handicapées et se rendre utile quand le besoin se présente. Mes plus grandes joies sont les relations avec des familles palestiniennes et des personnes qui maintenant sont devenues mes amis. Malgré les difficultés qu’éprouvent ce pays, c’est très enrichissant de pouvoir vivre avec des Palestiniens non pas dans une bulle à part mais vraiment avec eux au quotidien, de pouvoir entrevoir la réalité de leurs vies avec ses joies et ses peines. Au bout de quelques mois et d’un an de mission notre regard, nos réflexions, nos points de repères et mêmes nos habitudes changent. Le fait d’être confronté à l’interculturalité au quotidien, à la difficulté d’apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture, de pouvoir aussi vivre et voyager dans des mondes totalement différents que sont Israël et la Palestine, de vivre au milieu des tensions, cela vient nous permettre d’élargir notre esprit et notre cœur vers une perspective beaucoup plus large donc beaucoup plus féconde, humaine et charitable. Les difficultés ont été nombreuses pour moi cette année comme la différence culturelle, le fait ne pas avoir les mêmes codes et donc de pas toujours arriver à se comprendre dans les relations au travail. De plus, dans les attentes et dans la compréhension de ma mission dû aussi en partie au manque de dialogue et d’accompagnement pédagogique sur place, ont pu complexifier ma mission par moment.
La chose la plus centrale dans cette année de mission c’est qu’elle suscite comme dans le sport ou dans une discipline artistique un dépassement de soi. On est amené à dépasser nos peurs, nos craintes, nos appréhensions, il faut pouvoir oser se lancer pour pouvoir avancer. J’ai la sensation de repartir en France avec un trésor inestimable riche de cette expérience passée sur cette terre, dans les visites, les voyages, les rencontres, et aussi les rencontres avec des communautés chrétiennes locales dans leurs diversités. Le fait d’avoir aussi entrevu les deux autres grandes religions monothéistes que sont l’Islam et le Judaïsme, m’a permis de m’enraciner profondément dans le Christ et dans l’Église. Dans cette terre où les questions d’identités politiques, nationales, ethniques et religieuses sont extrêmement importantes, il est beau de pouvoir s’engager avec son originalité et sa différence pour pouvoir essayer de transmettre un germe de joie et de paix dans cette terre fracturée.