Constance, volontaire avec son mari à Madagascar, se livre sur son expérience spirituelle depuis son arrivée à Antananarivo. Elle nous explique comment son nouveau quotidien et les nombreuses personnes qu’elle a rencontré ont modifié son rapport à Dieu.
Témoignage de Constance Leblanc recueillit le 24 juin 2020
· Quelle est-ta mission de volontariat ?
Je suis volontaire à Madagascar et je m’occupe des relations internationales de l’Université catholique qui est située dans la capitale, Antananarivo. Unique Université catholique du pays, elle accueille de nombreux prêtres, séminaristes et religieux pour suivre leur formation en théologie ou philosophie.
· Quel était ton rapport à la spiritualité avant ton volontariat ?
Mon départ en volontariat est en partie une démarche de foi. Après mes études et au début de ma vie professionnelle, j’avais du mal à vivre une foi engagée au quotidien. Boostée par des rassemblements de jeunes, notamment les JMJ, j’avais envie de répondre à l’appel du Pape François de « sortir de nos canapés » pour aller à la rencontre de l’autre et du Christ.
· Ton expérience de volontariat a-t-elle été enrichissante d’un point de vue spirituel ? Quels sont les changements que tu as pu constater depuis ton départ ?
L’expérience du volontariat a effectivement été enrichissante d’un point de vue spirituel, sans être non plus révolutionnaire.
Avec mon mari, notre grande chance a été de pouvoir rencontrer à l’Université des croyants de tout horizon, avec qui nous déjeunions le midi ou travaillions au quotidien : religieux ancien missionnaire aux Philippines, curés de paroisse en province à Madagascar, prêtres malgaches en mission dans des paroisses européennes, prêtres français investis dans les universités catholiques françaises et dans les institutions européennes, laïc chercheur en écologie intégrale, retraité français croyant et engagé auprès de l’UCM pour dispenser des cours chaque année … Tous membres d’une Eglise universelle engagée dont les témoignages m’ont fait grandir dans ma foi.
· Ton rapport à Dieu a-t-il évolué depuis ton arrivée à Antananarivo ?
A Madagascar, croire est une évidence, c’est plus facile d’en parler en toute confiance. Dans notre lieu de mission, nous avons pu observer que la foi nourrit les liens et rythme le temps. Les réunions de travail et les cours débutent par une prière. Je constate que prier Dieu à différents moments de la journée m’a rapproché de Lui. Remettre entre ses mains les projets de l’Institution, les échanges entre collègues, les incompréhensions ou joies du quotidien m’apportait de la Paix.
· Depuis ton arrivée t’es-tu rapprochée d’une communauté religieuse locale ?
Une amie nous a fait rencontrer la communauté des petites sœurs de l’Evangile qui est présente dans l’un des quartiers les plus pauvres de la ville. Nous nous sommes beaucoup attachés à elles au cours de notre mission.
Les sœurs déplacent des montagnes : actions éducatives, en prison, auprès des malades, des enfants malnutris, des femmes, elles rayonnent de l’amour du Christ pour les pauvres et rien ne les arrête. Sans fausse illusion sur la situation socio-économique du quartier et du pays, pragmatiques, elles ne perdent ni l’Espérance ni le sens de l’humour.
Leur capacité à tout laisser pour nous accueillir lorsque nous venions les visiter nous touchait beaucoup. Etrangères elles aussi, venues d’Afrique ou d’Europe, elles comprenaient notre démarche de volontariat.
· Comment envisages-tu ton quotidien spirituel lorsque tu reviendras ?
J’envisage un quotidien spirituel plus engagé qu’avant. La devise de l’Université Catholique de Madagascar est : « Foi, Excellence et Responsabilité ». Un triptyque qui invite à se mettre au service de ses frères, et en premier des pauvres.
· Est-ce qu’il-y ’a un texte ou une parole qui t’a particulièrement marqué depuis ton arrivée ici ?
L’encyclique Laudato Si’ est un texte étudié, approfondi et transmis à l’Université, au travers des cours, des conférences et de la vie étudiante. J’avoue ne pas l’avoir lu en entier, mais je crois en avoir compris le sens dans l’expérience du volontariat. Etre volontaire, c’est nourrir sa « tétraèdrité », sa relation à Dieu, à la Nature, aux autres et à soi-même. Trouver l’harmonie dans la sobriété et dans la rencontre de l’autre, permises dans ce temps que l’on donne et que l’on se donne librement.