Mon potager franco-burkinabé

Thomas

professeur d'électricité

La première année de mon volontariat à Fada N’Gourma, au Burkina Faso, fut trop intense pour oser démarrer un jardin sous les neemiers qui entouraient ma maison. C’est pourquoi je me suis dit que rester une deuxième année ne serait pas une mauvaise idée !

Un petit groupe d’élèves venait souvent me voir suer de généreuses gouttes et se portait volontaire pour arroser ou donner un coup de daaba, l’outil traditionnel indispensable. Certains s’étaient organisés avec un chef jardinier et m’avaient demandé de les laisser cultiver leur bout de parcelle, dont les limites faites de pierres avaient quelquefois tendance à se déplacer discrètement pour pouvoir planter davantage !

Le contrat était simple : « Quand je suis en cours, vous arrosez. Quand vous êtes en cours, j’arrose ». C’étaient des moments de détente, de partage et d’apprentissage même si je devais parfois reprendre le rôle d’éducateur lors de conflits ou quand le jardin se transformait en terrain de jeu en plein milieu de mes siestes sacrées…

J’échangeais les graines rapportées de France contre les plants qu’ils dégotaient facilement dans les jardins environnants ou au marché. Nous apprenions sur nos plantes endémiques respectives : arachides, pois de terre, piment jaune sorcier ou rouge garçon, aubergine perpétuelle, chou blanc, papayer et bananier se plaisaient mieux que mes tomates ou courgettes. À la saison chaude, il fallait arroser jusqu’à trois fois par jour et les salades que je plante sur la photo ont pu résister à l’impitoyable soleil burkinabé. Les élèves ne comprenaient pas que je ne veuille pas mettre de « médicaments » dans mon jardin et quels rires quand on épandit le purin de feuille de neemier dont l’odeur tenace attira toutes les mouches et fit fuir les élèves !