La vie à la clinique

Viktorija

médecin aux Philippines

La vie à la clinique est toujours en feu, parfois même trop… Avec beaucoup de persévérance on doit parfois fermer la porte, car on est vraiment au bout du souffle. Ici, un résumé de notre nouvelle membre du staff, ate Christi (qui travaille depuis quelques semaines avec nous), après une journée « typique » : « Même si nous sommes vraiment crevés, nous sommes en même temps très heureux et unis ».

On a eu encore quelques morts. C’est difficile à vivre. Une patiente est morte récemment de déshydratation : une raison bête, mais dans la grande pauvreté dans laquelle nous vivons, parfois on est  impuissant pour sauver. Cette femme, nanay Mili, était une de mes mamans ici sur l’île. Elle faisait en sorte que j’aie toujours un petit goûter. Elle venait à la clinique régulièrement pour nous saluer et partager son large sourire.

On reçoit de plus en plus des demandes de prières ou de visite des patientes gravement malades dans leurs cabanes. Les proches de kuya Erwin, un homme de 36 ans, mort du cancer fin mai, est venu juste pour demander qu’on vienne simplement le visiter. Sa famille savait qu’il n’y a plus grand chose à faire. Bien sûr, nous avons essayé de soulager son état de maladie inguérissable. Finalement, j’ai pu l’accompagner jusqu’au fin de sa vie terrestre sa dernière nuit. Les philippins vivent la mort très différemment par rapport à nous, européens. Pour moi c’est une belle école et un livre vivant pour creuser le mystère de vie. Ce qui est indubitable, c’est une vraie urgence de toujours prier pour les mourants.