Amaëlle est lauréate du concours « Raconte ton volontariat » organisé par France Volontaires, elle a reçue le 2ème prix le 24 mars 2023 au cours d’un colloque à l’Assemblée Nationale avec les équipes de la députée des Français de l’étranger, Amélia Lakraf.

Répondre à l’appel.
« Des heures sans contenu ni contour ». Ils m’avaient décrit le Tchad par cette phrase d’André Gide. Circonspection. Plongeon. Immersion. Incompréhension. Noyade ? Presque. Le déluge. Pour sûr.
Un choix de partir à l’aventure, à deux, dans un lieu non choisi. Le Tchad comme nouveau départ.
Deux ans différents, un basculement, des bousculements. Envies de découverte d’aventure de rencontres. Envies d’entraide de fraternité, d’engagement. Servir. Répondre à l’appel. Hésitation au départ. Sécurité, terrorisme, paludisme, brousse, déconnexion. Appréhension. Deux ans, vraiment? Oui, d’accord.
Arrivée. La chaleur au milieu de la nuit. L’obscurité au milieu de la ville. Désert.
La pauvreté. Frappante, déroutante, révoltante. Un autre temps. Surprise, questionnements. Curiosité, étonnements. « Nassara » = Blanche. Aucun anonymat. Mains levées, salutations « Lapia lalé madjea salam ». Entrelassement de langues, de coutumes, de cultures, de couleurs. Bonjour, après. Une autre temporalité, de nouvelles expressions. Compréhension ? Nouveautés. Ecole, comptabilité, mangues, système D. Un centre éducatif à gérer. Faire de son mieux pour collaborer, ne pas imposer. Difficultés.
Quel équilibre trouver ? Quelle place prendre ? Tanguer, chavirer, remonter, s’adapter … pour un jour espérer, danser. Un test de mes limites. Toucher le bord. S’accrocher. Escalader. Répondre à l’appel ? Lequel. Se remémorer les fondements, les pourquoi du départ. Puiser dans la mémoire, creuser dans les ressources
Rester ou tout plaquer ? Décider. Persister
Changement de cap vers une mer plus tranquille, un rythme moins élevé. Echange avec le partenaire. Définition d’une mission. Déménagement, nouveaux espoirs. Grossir.
Patience. Oublier ses attentes. Se laisser porter. Du moins essayer. « Sans contenu ni contour », expérimenter. Patience.
Choc culturel. Accepter d’être petit, renoncer à sauver, reconnaitre les différences. Les partager. Ne pas convaincre et l’accepter. Dialogue. Apprendre à ne pas tout comprendre.
Une saison des pluies à lambiner. Paysages inondés, beauté insoupçonnée. Verdoiement.
Sécheresse, orages, raz de marée : une nature radicale. Pour quelques mois d’autres activités : cultures et pêche. Bœufs gras. Inondations. Rester sur place. La ville comme une île.
Se déplacer ? Aucune possibilité. Rester cloitré à l’horizon juste devant nos pieds… « Patience et longueur de temps » … découverte du quartier, des rizières. Du zouglou. Créativité culturelle !
Nouvelle lune, nouveaux us, nouvelles coutumes. Fête Kabalaye de Kula. Pirogues et danses, pagaies. Mélange intergénérationnel et coloré au son des tambours et castagnettes de domiers.
Ancestral. Youyous nocturnes, esprits à l’affut. Trois nuits interdites, trois nuits pour transmettre, trois nuits initiatiques. Récoltes.
Course du temps. Routine. Tout va plus vite.
Décrue du fleuve. Plage. Transformation du paysage. Fraicheur.
Des initiatives ? pas si vite. A vos marques, prêt, partez ! A pas de fourmis. Ne pas brusquer.
S’apprivoiser.
Au milieu, un quotidien lent, doux, calme. Plat. Trop ? Se laisser surprendre ; rencontre impromptue, une main tendue, à prendre ; un jardin à visiter, un grand-père à saluer. Simplicité.
Aller voir un champ, couper le riz, partager la boule. Sortir des sentiers battus.
Passer au-delà de ses peurs, laisser les préjugés de côté. Ne plus se méfier.
Aller de l’avant, profiter des éclaircis, surmonter le mauvais temps. Garder le beau.
Ecouter, s’écouter. Ne pas être pressé. Conserver son histoire. S’enrichir de la leur.
Répondre à l’appel. Sourire. Vivre.
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