Annaëll est partie en novembre 2022 au Cameroun avec son époux, elle est infirmière au sein de la léproserie de la Dibamba. Ce centre médical, en périphérie de la ville de Douala existe depuis 1954 et est gérée par la Communauté des Sœurs Carmélites missionnaires.
Le centre propose désormais des consultations de médecine générale, l’hospitalisation de malades portants des plaies importantes et la réfection de pansements des patients externes. D’anciens lépreux vivent encore à la léproserie, où ils sont arrivés étant jeunes.
La ville de Douala comprends deux gros hôpitaux publics, de nombreuses cliniques et beaucoup de centres de santé. L’accès aux soins semble donc aisé mais il est souvent coûteux et n’est pas toujours de qualité. C’est pourquoi le recours aux traitements indigènes et à l’automédication sont très présents, notamment grâce aux traitements en libre-service. En effet, au Cameroun comme dans beaucoup de pays d’Afrique, tous les médicaments s’achètent sans ordonnance en pharmacie ou petits kiosques. C’est donc souvent en seconde intention que les patients arrivent à la léproserie.
Les soins proposés y sont pourtant de qualités et à des prix raisonnés, car les sœurs tiennent à rendre les soins accessibles à tous.
Depuis mon arrivée, mes missions ont évolué et ont été réajustées, notamment suite au départ d’une collègue locale.
Je commence la journée par faire le tour des patients hospitalisés. En général les hospitalisations durent plusieurs mois, ce qui laisse donc le temps de créer des liens au quotidien, mais c’est toujours une grande satisfaction quand un patient rentre chez lui. J’écoute les plaintes, mets un traitement en place si nécessaire, je réalise des injections et j’échange sur leur vie à l’extérieur. J’apprends beaucoup sur la vie au Cameroun lors de ces discussions.
Chacun à son histoire : l’enfant de 12 ans paraplégique depuis sa chute d’un arbre en cueillant des prunes qui est toujours souriant, les patients drépanocytaires qui ont des plaies récidivantes et se font soigner à la léproserie depuis des années, les accidentés de la route qui sont très nombreux, ou encore ce jeune sans domicile fixe de 20 ans, qu’une femme – tombée du ciel – a pris sous son aile et dont elle finance les soins.
« C’est un rythme qui me plait énormément, d’un côté, j’exerce l’aspect technique de mon métier et de l’autre je reçois et je donne beaucoup d’affection « .
Ensuite, j’accompagne ma collègue locale Carine en consultation. J’apprends plein de choses, et après quelque mois je pose maintenant les diagnostics plus facilement, ce qui me paraissait mission impossible à mon arrivée. Il y a environ une trentaine de consultations par jour. Beaucoup de personnes viennent de quartiers éloignés de Douala pour des problèmes de peau, car le centre à une bonne réputation.
Après la matinée de travail, j’ai la chance de partager le repas avec les sœurs, un moment toujours agréable où j’apprends un peu plus à connaître la vie en communauté.
Et puis, environ deux fois par mois, avec deux autres infirmiers, nous réalisons des greffes de peau sur des plaies en bonne évolution pour accélérer la cicatrisation finale. C’est une pratique que je découvre, qui m’impressionnait dans un premier temps, mais à laquelle j’aime beaucoup participer dorénavant.