Créé en 2010 par le diocèse de Laï suite à une étude de l’Unicef sur les enfants des rues dans la province de la Tandjilé, le centre Charles Lwanga a pour vocation d’accueillir ces enfants et de les former afin de favoriser leur autonomie et leur réinsertion sociale. Géré depuis sa création par une équipe de missionnaires espagnols, le diocèse de Laï a demandé à la DCC l’envoi de volontaires coordinateurs, pour préparer la transition vers une relève 100% tchadienne. Amaëlle et Léo, qui se sont vus confier cette nouvelle mission, nous présentent le centre.
Le centre éducatif est destiné à des adolescents (60 jeunes de 12 à 18 ans) en situation de grande vulnérabilité. La plupart sont orphelins et n’ont jamais été scolarisés avant d’entrer au centre, entre 12 et 14 ans. Peu d’entre eux sont soutenus par leurs familles. Faute d’accueil par une institution comme le centre, soit ils survivent dans les rues, soit, le plus souvent, ils sont confiés à un oncle ou une tante. Cependant, au Tchad, cette situation est souvent synonyme de mauvais traitements : exploitation économique ou domestique, mariage précoce (et souvent forcé) pour les filles afin d’obtenir une dot, etc.
L’enjeu du centre est donc multiple : proposer à ces jeunes un lieu de vie sécurisant (y compris pendant les weekends), leur donner accès à des cours en français et mathématiques, leur apprendre des métiers qui leur permettront à leur sortie du centre (à 18 ans) de se débrouiller seuls.

En termes de formations professionnelles, le centre propose des cours de couture et d’agriculture, auxquels participent filles et garçons. Pendant deux heures chaque matin, les jeunes se familiarisent avec la culture maraîchère : boudou, épinards, tomates, amarante, poivrons, melons, etc. Et tout cela sans excès d’intrants ! Ce qui est ramassé dans le potager des jeunes est utilisé le jour même pour confectionner la sauce qui accompagne « la boule », le plat tchadien incontournable s’il en est ! Le surplus est vendu aux passants qui connaissent bien les produits du centre.


Les jeunes apprennent aussi l’entretien du verger (quand cueillir les fruits, tailler les arbres fruitiers, réaliser un greffon, etc.), le sarclage dans les champs, et la vente des produits (il faut bien écouler la tonne de mangues produite chaque année !). Dans les campagnes tchadiennes, peu importe son métier, tout le monde est cultivateur. Ces connaissances en agronomie, si simples soient elles, leur serviront si ce n’est comme activité principale, au moins pour arrondir les fins de mois.

Les cours de couture sont dispensés l’après-midi par des anciens élèves du centre qui ont eux-mêmes monté leurs propres ateliers. A partir du niveau de scolarisation équivalant au CE1, les élèves suivent au moins une heure de cours par jour, qui passe progressivement à trois heures au fil des années. Les élèves sortants reçoivent de la part d’un partenaire du centre une machine à coudre leur permettant de se lancer directement. Ici, la plupart des habits sont confectionnés directement chez le couturier : un local, une machine à coudre, et quelques compétences suffisent pour être tailleur.
Pour avoir essayé nous-même la machine à pédale (absence d’électricité oblige !), cela demande un vrai apprentissage de coordination des mouvements entre les pieds et les mains, d’adaptation à la vitesse du tissu, d’entretien de la machine… Cette année, nous sommes fiers des 11 élèves de 18 ans qui sont sortis du centre et qui ont tous réussi le test de couture leur permettant de recevoir leurs machines.


Le centre propose également, sur les temps libres, d’autres activités qui permettent aux jeunes de découvrir d’autres métiers : cuisine et transformation des produits du centre (confitures, conserves…), forge (confection d’assiettes et d’outils en aluminium), bricolage (fabrication de bancs, de grills traditionnels appelés « ganous », etc.).


Enfin, le centre a la chance de pouvoir compter sur son voisin, un centre diocésain de formation de catéchistes. Pour les jeunes qui le souhaitent, nous avons donc mis en place la catéchèse, proposée deux fois par semaine. Cette proposition a rencontré beaucoup de succès et cela a mené cette année à 5 baptêmes et 2 premières communions. Une bonne occasion de faire la fête !
