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A 21 ans, au milieu de sa formation pour devenir prêtre, Paul est parti un an à Santiago du Chili. Il y a rejoint l’association Misericordia pour vivre au sein d’un quartier pauvre.

Une expérience incroyable, voilà ce qui m’attendait lorsque je suis parti pour un an avec la DCC au nord de la ville de Santiago du Chili, dans le but d’aider l’association Misericordia dans sa mission de compassion et d’évangélisation des plus pauvres. J’attendais beaucoup d’une année à l’étranger que je souhaitais réaliser depuis plusieurs années déjà mais je crois avoir reçu bien davantage encore.      

J’arrivais le 2 août 2022 à la Pincoya, quartier à la périphérie de Santiago, touché par la drogue, l’alcool, la violence dans les familles et tout ce que l’on peut s’imaginer. Au programme : visites aux voisins, soutien scolaire, ateliers de foot, danse, musique, catéchisme, aide aux gens de la rue, bien souvent victimes de la drogue et de l’alcool. Bref une année intense s’annonçait.

Les nombreuses visites m’ont tout particulièrement travaillé. Nous touchions la souffrance de très près et c’est ce qu’un prêtre est appelé à faire toute sa vie. Aussi je suis convaincu qu’il m’a été très profitable d’en faire l’expérience durant ma formation. Il n’y avait pas une visite où l’on ne nous racontait pas le décès de tel fils suite à un règlement de compte, l’incarcération d’un autre, la détresse d’un dernier. Pas une visite où l’on découvrait une famille unie, mais la grande majorité déchirée de part en part. Il n’y a pas un enfant qui avait la chance d’avoir sa famille réellement à ses côtés pour l’aider à grandir. L’unique réponse à toute cette souffrance ne réside quasiment que dans la liberté de l’Homme et l’unique consolation ne se trouve qu’en Dieu. Il est le seul qui peut changer nos vies en profondeur et c’est ce dont Misericordia témoigne par sa présence dans ces quartiers. Des centaines de personnes ont retrouvé l’espérance, ont redonné un sens à leur vie et peuvent maintenant vivre leur foi grâce à Misericordia.

Tout le travail auprès des enfants m’a particulièrement plu. Rien ne me plaisait davantage que de jouer au foot avec eux, de leur donner de mon temps, d’essayer de les faire rire, de réjouir ces pauvres cœurs si durement éprouvés. J’ai trouvé très beau de voir des enfants qui venaient d’eux même aux différentes activités du centre où nous vivions, tout spécialement lorsqu’il s’agissait de la Messe ou de l’adoration, à laquelle ils se rendaient volontiers et pour lesquels je les invitais à venir servir la Messe avec moi. Ces enfants, n’ayant pas la chance d’avoir une famille sur laquelle ils puissent compter, des parents qui les éduquent et soient présents pour les accompagner, ces enfants dont bien souvent les parents se droguent toute la journée, ces enfants étaient là, au plus près de Dieu, pouvant lui parler et lui confier leur peine.

Misericordia leur donne alors la possibilité de « réussir dans la vie », de ne pas tomber dans le cercle de la drogue, bien souvent de réunir les familles, de conserver les couples unis, de les accompagner pour relever la tête, pour comprendre la grandeur de leur dignité humaine et plus grande encore celle de leur appel à la sainteté.

Comme vous l’aurez compris, cette expérience aura pour moi été un formidable soutien et complément de ma formation. Elle m’a fait découvrir un autre visage de l’Église, elle aura été une mise à l’épreuve de ma vocation pour mieux l’enraciner, elle m’aura permis d’apprendre de manière très concrète à me donner. C’était un expérience riche et forte, venant compléter merveilleusement ma formation comme futur prêtre.

Je rends grâce pour la présence de Misericordia dans ce quartier, pour tant de vie changée, pour tant de joie propagée. Je prie pour que cette œuvre grandisse et puisse ainsi répandre la joie de l’Évangile dans les cœurs des plus pauvres jusqu’aux limites du monde.