Cyprien et Gabrielle sont partis en volontariat DCC au Mexique avec leurs cinq enfants. Pour la journée mondiale des parents, ils nous racontent leurs expériences humaines et familiales.
Il fait beau en ce début de mois de mai, les ventilateurs tournent car il fait plus de 30°C, il est presque 18 h et j’espère que vous dormez bien car pour vous il est 1 h du matin. Bienvenus au Mexique!
Avec ma femme, Gabrielle et cinq de nos enfants, nous sommes en mission pour 2 ans avec la DCC à Saltillo, au nord du pays. Nous y avons en charge l’animation d’un centre communautaire, qui est une sorte de centre social privé. Celui-ci compte une cuisine communautaire, un dispensaire, des salles d’activités, une salle d’études, des sanitaires publics et une chapelle. À l’étage, il y a notre logement familial.
La mission en famille, c’est comment ? C’est parfois très exaltant et parfois limite ennuyeux. Au moment où j’écris ces lignes, par exemple, je fais « acte de présence » auprès d’une jeune lycéenne qui suit ses cours en ligne, ce qui me permet d’écrire un peu pendant ce temps. Gaby est allée passer un moment auprès d’une amie du quartier, qui a perdu une jeune fille il y a plusieurs années, et en ce jour de fête des mères au Mexique, elle est heureuse d’avoir de la visite. Nos enfants, ayant fait leurs devoirs, sont pour la plupart en train de jouer avec des amis. Rien de très extraordinaire donc ! Et pourtant…
Nous étions déjà partis en famille il y a 15 ans, avec 4 enfants de 6 ans à 1 an ½ . Nous avions passé deux ans dans un quartier très pauvre, pas un bidonville mais presque. Notre cinquième enfant était né sur place. Avec le recul je dirais que nous étions fous de vouloir vivre une aventure pareille. Et pourtant nous avons été bénis intensément et marqués en profondeur par les différentes rencontres que nous avions pu faire. Et depuis notre retour en France, j’ai toujours eu l’envie de repartir, un jour ou l’autre.
Nous voilà revenus, dans la même ville, le même quartier et le même logement. La configuration familiale a changé, les trois ainés sont restés en Europe, nous sommes ici avec les 5 plus jeunes, qui ont grandi avec le récit de nos aventures précédentes.
Notre quotidien de volontaires est à la fois très simple et très intense. Il y a quelques activités visibles et mesurables: aider à la cuisine communautaire, chercher les dons de viande et de légumes, distribuer des colis d’aide alimentaire, organiser des réunions, préparer la chapelle, organiser une vente pour payer les frais du centre, aider aux devoirs des enfants, accueillir le nouveau médecin bénévole, rendre visite à une famille…
Surtout il y a tout ce qui ne se mesure pas, les relations et la disponibilité à l’imprévu. Prendre du temps avec un migrant de passage, emmener un couple âgé à son rdv à l’hôpital. Expliquer aux patients qu’on ne sait pas pourquoi le nouveau médecin bénévole ne vient plus…
Et la famille là-dedans?
Notre vie de couple change. Nous sommes exposés à bien plus de stress et de fatigues que d’ordinaire. Nous travaillons beaucoup ensemble et n’en avons pas l’habitude. Donc pour nous préserver nous prenons les moyens (une matinée chaque semaine juste à deux, pour être attentifs l’un à l’autre, sans parler « boulot »!) et ça marche. Nous accueillons mieux nos différences et sommes plus tendres, même s’il y a toujours des hauts et des bas! Nous commençons aussi chaque journée par ½ h devant le Saint Sacrement et ça nous « ancre » profondément.
Nous sommes plus attentifs aux enfants, pour qu’ils puissent trouver du positif dans cette nouvelle vie. Nous faisons plus de sorties avec eux, plus de jeux de cartes. Bref, nous avons plus de proximité et d’unité en famille sans avoir plus de tensions, c’est une bénédiction. Nous sentons également la Foi de chacun des enfants grandir, à leur mesure, un vrai cadeau!
La mission des 3 plus jeunes, c’est leur vie d’enfant: aller à l’école ou au collège, étudier, se faire des amis, jouer au foot avec les gamins du quartier. Ils nous ouvrent aussi beaucoup de portes et de cœurs. Ils participent avec nous à ce quotidien et nous savons que cela change leur regard sur le monde, pour toute leur vie.
Nos 2 plus grands vivent aussi « leur » mission. L’un passe trois nuits par semaine chez une famille d’amis franco-mexicains. C’est plus proche du lycée et il fait les trajets avec un copain de classe. Nous le voyons murir et grandir dans ses relations.
La plus grande avait 17 ans à notre arrivée ici et elle a son bac. Elle a passé plusieurs mois avec nous, s’occupant de l’aide aux devoirs. Puis, à 18 ans, elle a choisi d’aller dans un autre Centre Communautaire, avec 3 jeunes volontaires, à 20 mn de là où nous sommes. C’est extra pour expérimenter la vie sans papa-maman, avec plein de choses intenses : une mission dans un quartier pauvre, la vie commune avec des gens qu’elle n’a pas choisi… Elle grandit intensément et en sécurité, c’est une chance.
Pour nos enfants et nous, cette folle expérience nous donne plus d’ouverture au monde et à ses habitants, plus d’unité en couple et en famille, une Foi qui s’approfondit au rythme de chacun… Que du bon ! Et vous, c’est pour quand la mission?