Assoiffés de relations humaines vraies, par davantage de sobriété matérielle et par leur foi, Justine et Nicolas, accompagnés de leur trois filles Juliette, Isaure et Raphaëlle, se sont engagés dans un volontariat en Côte d’Ivoire. Expérience très enrichissante pour leur famille, ils nous racontent la construction et la concrétisation de leur projet.
Pourquoi partir en volontariat en famille ?
La graine de ce projet de volontariat a été semée très tôt dans notre mariage. Mais il aura fallu dix années pour se construire, construire notre famille, faire mûrir nos cœurs et accepter de tout lâcher. Nous tenions aussi à ce que nos trois filles aient le bon âge pour partir. Ce temps de discernement a permis d’affiner les motivations, de les mettre en regard d’une vie déjà bien engagée, mais aussi de transformer nos attentes individuelles en projet familial.
Nous menions alors une vie dense, mais étions en réflexion sur l’orientation que nous voulions lui donner, en cohérence avec notre désir d’être acteur d’un monde plus fraternel et durable. Animés par la soif de relations humaines vraies, par davantage de sobriété matérielle et par notre foi, nous souhaitions souder notre amour familial dans une aventure ambitieuse, juste, centrée sur le don de soi et la rencontre.
En tant qu’adultes et couple, nous souhaitions nous investir dans un projet au service des autres pour réapprendre à donner et recevoir gratuitement. En tant que parents, nous souhaitions ouvrir les yeux de nos filles à la diversité du monde, à la richesse de la différence, tout en leur apprenant la gratitude et l’émerveillement.
Quelle est votre mission en Côte d’Ivoire ?
Nicolas a reçu pour mission la responsabilité de l’Association St Camille de Lellis qui accueille, soigne, réinsère et accompagne les personnes atteintes de maladie mentale, très stigmatisées en Afrique.
Justine épaule Soeur Jeanne, directrice du foyer Claire Amitié de Bouaké qui offre des formations professionnelles à des jeunes femmes défavorisées.
Juliette (8 ans), Isaure (7 ans) et Raphaëlle (4 ans) ont été les plus immergées, en mission dans leur école ivoirienne !


Comment se sont passés les premiers mois sur place ?
Les premiers mois ont été difficiles. Pas facile d’assumer la responsabilité de ce choix vis-à-vis de nos enfants pour qui le choc culturel a été rude : 65 par classe, sans ventilateur, avec des vieux pupitres en bois, un bruit insoutenable, sans parler de l’accent ivoirien mal compréhensible. Nos filles, seules « blanches » étaient la curiosité de toute l’école et étaient touchées sans cesse au visage. Par ailleurs, elles allaient à la cantine et rentraient épuisées ! Très vite sont arrivés les premiers virus et bactéries locales avec des poussées de fièvre dans un environnement sanitaire peu rassurant. Que la culpabilité a été forte !
Heureusement, après quelques réaménagements organisationnels (nous avons recruté une nounou pour s’occuper des filles le midi à la maison), nous avons rapidement trouvé notre rythme et avons pu tous commencer à profiter pleinement de cette aventure !
« Nos filles nous ont vite épatés par leur capacité d’adaptation. »
Comment vos filles se sont adaptées à la vie locale ?
Nos filles nous ont vite épatés par leur capacité d’adaptation. À l’école, où elles ont plein de copines, sont déléguées de classe ou mascotte officielle de la maternelle ; avec les copains du quartier où elles animent des après-midi de jeux et danse dans le jardin. Impressionnés également par leur résilience face à la rudesse du climat et de l’environnement : elles résistent vaillamment à la chaleur écrasante, la poussière, le bruit et les petites bêtes !
Elles se sont beaucoup ouvertes, vont plus facilement vers l’autre et nous les découvrons à l’aise dans tous les environnements possibles !


« Résilience donc, mais aussi lâcher prise et humilité »
Que vous a apporté, à ce jour, votre volontariat en famille ?
Cette aventure, par nos conditions de vie modestes mais justes, nous a également permis de vivre une certaine sobriété matérielle – finies les douches chaudes, l’eau et l’électricité à volonté, les loisirs à foison…
Résilience donc, mais aussi lâcher prise et humilité : accepter que nous ne pourrons pas tout changer même quand nous sommes en colère face à l’injustice et la détresse humaine ; accepter que nous ne récolterons pas les fruits de ce que nous aurons semé ; accepter de nous adapter à un rythme plus lent et à une certaine fatalité ; mais surtout accepter que c’est bien NOUS qui aurons été changés et enrichis par ce volontariat.
Sans oublier un fruit inattendu de cette aventure puisque la famille s’agrandira à notre retour en France ! Comme on dit ici « Dieu est au contrôle » !
