Plongé dans un nouvel environnement culturel j’ai baigné durant mes 6 premiers mois au Cameroun dans un état de quasi-béatitude. On se dit que « tout est merveilleux » et on traverse les difficultés en les voyant à peine pour ne retenir que les moments enrichissants. Pour cause, on apprend chaque jour.
C’est lorsque la routine s’installe que d’un côté on éprouve le bonheur d’enfin se sentir chez soi, mais d l’autre on perd peu à peu à cet état d’émerveillement.
Mais mon nouveau pays n’est pas appelé « l’Afrique en miniature » pour rien : de multiples cultures se côtoient. Le week-end dernier j’ai pu réaliser un rêve. Un ami d’origine pygmée m’a chaleureusement proposé de lui rendre visite au village. Aussi incroyable que cela puisse paraître, une marche de 2h en brousse m’a fait voyager plus que n’importe quel avion aurait pu le faire.
Le point culture
Partir au village : une aventure pleine d’émotions fortes qui commencent souvent dès le trajet. Certes, les 35 passagers peinent à entrer dans un bus 18 places… Mais forcément avec une telle proximité physique on n’a même plus besoin de passer par l’étape « brise glace ». Et les discussions vont bon train, souvent houleuses, menées en général par des hommes au rire gras et à la voix puissante.
Après un trajet chaotique, 2 représentants du peuple de la forêt nous emmènent à Ngomangele et toute l’équipe s’enfonce en brousse durant plus d’une heure. Les jambes sont raides comme des cannes à sucre, et sous la voute étoilée 3 jeunes wat n’ont aucune idée d’où ils se trouvent. Les cases sont en vue ! Il est temps de s’allonger… Mais les jeunes et les vieux qui sortent de leurs huttes ne semblent pas de cet avis. Déjà, on attise les braises en vue d’un grand feu. Quelque chose semble se préparer…Tout le village se rassemble vers 3h et nous salue d’une poignée de main chaleureuse. L’orchestre se prépare et s’accorde : on place une large tige de bambou creuse face à une rangée de femmes munies de baguettes de bois. Un rythme frénétique résonne bientôt et des enfants réalisent des danses endiablées auxquelles nous essayons de nous joindre.
L’arrivée des « fantômes » provoque un grand émoi : de petites silhouettes affublées d’un immense masque de feuille se joignent à la danse et l’ensemble de leur corps semble vibrer si vite que le regard ne peut suivre leurs membres désarticulés.
Au réveil, je me redresse hébété sur la planche qui me servait de sommier, avec une forte envie de plonger dans l’eau fraîche de la rivière qui coule tout près du village.
La marche est le quotidien du peuple de la forêt. Souvent pied nus, parfois en tong. La forêt offre tout. Pour boire ? En l’absence de ruisseau, coupez une liane d’un jeune parasolier. Pour manger ? Si les fruits vous inquiètent, il vous reste l’option des nombreuses feuilles comestibles ou même des racines. Pour se soigner, la pharmacopée est on ne peut plus abondante à condition de partager cet immense héritage culturel.
Des nouvelles de PrépaVogt
L’entrée en Carême a été l’occasion d’un beau pèlerinage avec tous les étudiants de l’Institut. Les 6 énormes bus, en arrivant dans la petitye commune de Mbalmayo, ne sont pas passés inaperçus ! Heureusement, une délégation volontaire était arrivée sur place la veille pour reconnaître l’itinéraire. Je me suis porté volontaire pour cette occasion de troquer un jour de travail avec un jour en brousse !
La piste suivie entre les champs, sinueuse la veille, prenait un air d’autoroute après le passage de 350 étudiants. L’occasion de passer un moment moins formel avec les jeunes, pour échanger sur des choses moins sérieuses qu’à l’école ! Après un temps de prière, vient le temps du pique-nique. Lorsque l’on est encadreur, il nous suffit alors de passer de groupe en groupe pour se régaler. Fort heureusement le retour ne se faisait pas à pied.