Envoyées pour un an avec la DCC, Béatrice, responsable des ressources humaines au Maroc et Marie, chargée pédagogique au Cameroun, font le point sur leur mission au sein de systèmes éducatifs différents.
Quelles sont vos missions au quotidien ?
Béatrice au Maroc : Je travaille à l’ECAM (Enseignement Catholique au Maroc) où mon rôle est d’assurer, avec les enseignants, le renforcement de la culture de l’objectif et du résultat.
Marie au Cameroun : Pour ma part, je suis chargée pédagogique. Mon rôle est de vérifier et surveiller le travail des enseignants. Je donne également des cours de musique.
Pouvez-vous nous parler de la discipline ?
Béatrice au Maroc : À l’ECAM, nous travaillons avec une méthode qui s’appelle la discipline positive au travers de l’accompagnement de l’enfant, dans la bienveillance et la fermeté. Nous avons de gros programmes de formation des enseignants afin qu’ils s’inscrivent dans cette pédagogie.
Marie au Cameroun : Tandis qu’au Cameroun, il y a un grand sens de la hiérarchie. Les enseignants ne peuvent pas prendre d’initiatives par eux-mêmes. Le directeur m’a présentée comme la chargée pédagogique, hiérarchiquement je suis donc supérieure aux enseignants. Cela n’est pas dans mon caractère mais j’apprends. Par ailleurs, il peut y avoir jusqu’à 45 élèves par classe, les enseignants n’hésitent pas à utiliser la chicotte c’est-à-dire n’importe quel objet en caoutchouc avec lequel ils fouettent les élèves qui ne sont pas sages. Des élèves m’ont même proposé de l’utiliser, car c’est ainsi qu’ils fonctionnent.
Béatrice au Maroc : C’est très différent au Maroc, l’enseignant doit être exemplaire vis-à-vis de ses élèves, c’est important qu’ils aient un comportement d’adulte responsable et respectueux. Nous souhaitons que l’erreur soit une opportunité de progression, de compréhension. À l’ECAM, il y a tout un système de valorisation et de reconnaissance. Dès tout petit, nous mettons les enfants en situation de représentation afin qu’ils travaillent leur confiance en eux.


Elèves de l’ECAM au Maroc
Marie au Cameroun : De mon côté, les élèves ne me font pas de cadeaux, surtout les plus petits. C’est un peu dur, j’essaye de m’adapter. Je leur montre qu’il y a d’autres manières de faire. Je suis plus proche des élèves que des enseignants. Je passe du temps avec eux lors des récréations.
Que transmettez-vous au travers de votre mission ?
Béatrice au Maroc : J’aime beaucoup ce que disait Don Bosco : “Joie, honnêteté, responsabilité.” Cela fait partie des choses qui sont expliquées et que nous souhaitons voir vivre aussi dans les écoles.
Marie au Cameroun : En ce qui me concerne, j’aimerais leur transmettre la rigueur surtout sur l’orthographe. Je n’apporte peut-être pas une pédagogie aux élèves mais plutôt une proximité et de l’amour !
Une anecdote ou un mot pour finir ?
Béatrice au Maroc : Je voudrais partager une petite anecdote. Récemment j’étais en réunion avec un directeur dans son bureau et un élève vient frapper à la porte. Il ouvre et dit “Monsieur le directeur, je viens t’apporter mon carnet”. Je me suis dit “Ouh la la, il a dû faire une bêtise celui-là.” Mais il s’avère que c’était en fait un carnet de félicitations ! L’enfant avait été envoyé chez le directeur pour qu’il lui dise bravo. J’ai trouvé ça très beau !
Marie au Cameroun : Pour ma part, je voudrais dire à ceux qui hésitent encore à s’engager dans un volontariat : N’hésite plus ! C’est une aventure dingue qui n’est certes pas facile tous les jours, mais tellement enrichissante !


Elèves de Marie au Cameroun