Il est là, le vrai trésor de la vie

Caroline est partie en volontariat avec la DCC en tant qu’enseignante à Madagascar, elle nous raconte son expérience et les rencontres qui l’ont bouleversée.

Durant ce volontariat à Madagascar, je me suis rapidement rendu compte qu’aller au contact de l’autre avec curiosité et humilité allait être la plus grande richesse de mon aventure. C’est un enseignement certain de se confronter à l’autre si l’on accepte de se défaire de nos préjugés, nos habitudes, nos dépendances matérielles et superficielles.

C’est ainsi que sur mon chemin malgache, j’ai pu rencontrer des personnes inspirantes et marquantes. Il y a Sœur Agnese, doyenne de la communauté des petites sœurs de l’Evangile à Antsirabe qui, depuis 30 ans, fait broder les prisonniers de la prison de la ville dans le but de vendre leurs créations et de leur permettre de ramener un peu de fierté à la maison à leur sortie. C’est inspirant de voir cette femme de 80 ans s’aventurer tous les jours dans une prison insalubre et bondée afin d’offrir un peu d’espoir à ces hommes. Lorsque je viens à la communauté pour donner mes cours de français, elle me raconte souvent les conditions désastreuses de ces prisons, le sort de ce pays, de la justice souvent injuste, de la condition des femmes et des enfants. Difficile de savoir si quelqu’un prendra la suite à son départ mais pour ma part, ce genre de rencontre donne envie de s’engager plus encore pour la cause humaine.

Il y a aussi ma rencontre avec l’association Scolarisation Madagascar et son président Raymond Arbona qui agit depuis 20ans pour les enfants les plus pauvres de l’île afin de leur offrir une scolarisation gratuite et de qualité. C’est à l’école Fifaliana que je viens former les enseignantes chaque semaine. L’occasion pour moi d’échanger avec ces femmes sur leur regard sur la vie ici, sur leurs espoirs, sur leurs conditions de femmes. Des discutions simples mais inspirantes où l’on se rend compte que malgré nos différences nous avons aussi beaucoup de préoccupations communes. En tant qu’enseignante, c’est aussi une grande joie de voir le bonheur de ces enfants, simplement heureux de venir à l’école, d’avoir un repas par jour et de se sentir aimer.

Enfin, il y a eu ma rencontre avec le peuple Zafimaniry, la plus vieille ethnie de Madagascar. Vivre trois jours dans cette tribu a été l’expérience la plus intense et inspirante de toute ma vie. J’ai pu y découvrir leur culture ancestrale, leurs rites sacrés, leurs traditions. Apprendre à me défaire de tout confort, de tous préjugés et ouvrir mon cœur à la rencontre. C’est lorsque l’on a ni électricité, ni confort que l’on revient à l’essentiel. Cela donne l’occasion de méditer sur notre rapport aux choses et au monde, sur nos croyances et notre foi. Être bénie par le chef du village de Sakaivo et vivre dans la maison de Ndia et Liza au milieu de ces collines m’a rappelé la puissance de la vie et la richesse de l’autre.

Toutes ces rencontres m’ont bousculée, bouleversée, enrichies tant sur ma vie de femme que d’enseignante ou comme simple citoyenne du monde. S’il y a bien un enseignement à retenir c’est que ce n’est pas tant les actions faites sur le terrain qui font bouger les choses mais bien les rencontres que l’on y fait. Si l’on accepte l’autre sans artifices et sans retenues, alors il est là, le vrai trésor de la vie.