Le volontariat : travailler humilité et patience

Jean-Christophe s’est rendu sur son lieu de volontariat, au Togo, en porte-conteneur. Trois semaines de voyage contre quelques petites heures s’il avait pris l’avion. Un pari peu commun mais une évidence pour lui qui agit quotidiennement pour l’environnement.

« Je suis parti en volontariat le 12 février 2019. Touché par l’encyclique Laudato Si ainsi que par de nombreuses conférence concernant les enjeux écologiques au sens large, j’avais décidé de ne pas prendre l’avion : 5h de vol pour aller au Togo, c’est émettre en une journée la moitié de mon budget carbone de l’année.

Beaucoup se consolent en se disant que de toute façon, un kilomètre en avion, c’est 200g de CO2, et un kilomètre en voiture, c’est 200g de CO2. C’est vrai, si vous ne faites pas de covoiturage. Mais vous faites souvent des trajets de 6000km en voiture ?

La vitesse de l’avion nous fait perdre conscience de la distance parcourue. Il permet des trajets que nous n’aurions jamais fait auparavant.

Et nous en abusons : qui aurait l’idée de faire une semaine de vacances à l’autre bout du monde s’il n’y avait pas d’avion ?

J’ai donc fait le voyage sur un porte-conteneur. Trois semaines de mer, de lenteur, de paysage à la fois magnifique et grandiose, et en même temps ô combien monotone ! C’était le temps du carême. Un carême de désert… dans l’eau ;-).

Je me souviens d’un WE à la DCC de préparation avant le départ : une ancienne volontaire nous avait confié que l’aller comme le retour avaient été brutaux, par la rapidité du changement. Pour ma part, j’ai eu la chance de pouvoir passer des heures à méditer et à prier, seul et en silence, en contemplant l’immensité de l’océan. Cela permet de se préparer, de faire le deuil de tout ce que l’on quitte, afin d’être pleinement disposé à accueillir la nouveauté.

Ce trajet fut également une grande leçon d’humilité. Le navire faisait 236m de long, ce qui me semblait gigantesque ! Et pourtant … un petit mollusque ballotté par les flots : une tempête sur l’Atlantique nous a bloqué quelques jours dans le golfe du Cotentin.

Je me suis vite rendu compte à mon arrivée qu’il serait difficile de parler d’écologie.  Il semble hors de propos de penser à ce qui pourrait arriver à l’autre bout du monde en 2050.

D’abord parce que la majorité de la population survit, au jour le jour. Il faut chercher ce que je vais mettre dans la marmite ce soir, pour ma famille.

Et pourtant ! Dès aujourd’hui, ils souffrent des sols qui ne donnent rien car toutes les plantes sont systématiquement brûlées, dès aujourd’hui les arbres disparaissent en ville, et leur ombre bienfaitrice avec eux. Le charbon est toujours plus cher alors qu’un four solaire pourrait faire l’affaire, etc.

Comment réussir à faire comprendre que nous cherchons aujourd’hui la sobriété quand on leur a vendu depuis des années qu’une vie réussie se voyait aux signes extérieurs de richesse ?

Je passe pour un fou avec mon vélo au milieu des motos. Mais je sens que cela interpelle. Oui, je suis blanc et je ne veux pas de voiture, pas de télé, pas de beaux vêtements. Je cherche mon bonheur ailleurs. Qui sait, ce témoignage pourra peut-être servir ? »