Nous sommes Stéphane, Hélène, Justine et Alice, originaires de la région nantaise et en mission à Kinshasa en République Démocratique du Congo. Ce projet de départ en mission, nous le portions depuis un long moment déjà. Chacun de nous avait le désir de quitter son confort de vie occidentale pour se mettre au service de populations pauvres et fragilisées. Nous avions très à cœur de vivre cela en famille, afin de montrer à nos filles une manière possible de vivre la solidarité.
Qui est votre partenaire ? Quel est votre pays d’accueil ?
La DCC nous a proposé de partir en RDC pour répondre à un besoin des Frères de St Gabriel. Ces derniers sont une congrégation religieuse, fondée à la suite de St Louis Marie Grignon de Montfort et de Gabriel Deshayes. Leur vocation première est l’accompagnement et l’éducation des enfants défavorisés ou handicapés.
Nous n’avions que très peu connaissance sur la République Démocratique du Congo, 4 fois plus grand que la France, qui a vécu plusieurs guerres terribles et qui est classé 9ème pays le plus pauvre du monde avec 77 % de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté d’après la Banque Mondiale.

Quelle est votre mission ?
Concrètement, nous nous occupons de la bibliothèque de l’école dans laquelle nos filles sont scolarisées, il s’agit du Collège St Montfort, qui accueille environ 550 élèves de la maternelle à la terminale. Notre travail consiste à accueillir les élèves et leur donner goût à la lecture. Le reste du temps nous tentons de mettre en place des projets avec les professeurs ; pour cela nous passons régulièrement dans les salles de classe pour observer et discuter avec eux. Par ailleurs notre deuxième axe de travail consiste à suivre les règlements des frais de scolarité, dans un contexte culturel qu’il nous a fallu intégrer et un contexte économique très difficile.

Justine et Alice disent parfois que nous vivons de véritables épreuves de Koh-Lanta !
Quel est votre rythme de vie en famille ?
Notre maison est confortable, mais nous vivons dans des conditions modestes, subissant, comme la population locale, les « délestages » électriques et les coupures d’eau. « Vous êtes comme nous maintenant » nous disent nos collègues de travail car chaque jour réserve son lot de surprises et il faut sans cesse s’adapter. Justine et Alice disent parfois que nous vivons de véritables épreuves de Koh-Lanta !
Nous passons davantage de temps tous les quatre, beaucoup plus que lorsque nous étions en France et accueillons cela comme une véritable chance d’approfondir nos liens familiaux. Comme le disent Justine et Alice, « nous redécouvrons la joie des plaisirs simples : jouer à des jeux de société, lire ensemble, faire des activités manuelles, inventer avec le peu de matériel dont nous disposons, regarder des films ensemble aussi ».
Comment se passe l’école à Kinshasa ?
Les filles suivent le programme scolaire local et nous leur donnons un complément de cours avec le CNED. Les conditions matérielles de l’école St Montfort sont meilleures que celles des écoles publiques de Kinshasa et des écoles de province. Mais selon nos références occidentales, elles sont très rudimentaires. Le plus difficile pour nous est le manque de considération, d’encouragement des élèves par les professeurs. Justine le dit très bien « en France, quand j’avais des difficultés, ma maîtresse me disait : « tu vas y arriver » ; ici elle dit aux élèves « vous êtes des bourriques, des incapables ». L’apprentissage est essentiellement basé sur le « par cœur » et l’explication du sens de ce qui est enseigné ou demandé fait assez souvent défaut.


Le bonheur qui vient après les difficultés surmontées est encore plus beau. Cela nous fait grandir en maturité.
Qu’est-ce que ce volontariat en famille vous apporte ?
Les enfants ont leur part de mission dans ce volontariat. Nos filles nous racontent comment cela se passe à l’école, leurs étonnements et leurs incompréhensions. Les échanges que nous avons également avec leurs copines nous ouvrent à la réalité de la vie difficile des enfants et des familles de Kinshasa. Cette réalité et les conditions dans lesquelles nous habitons et travaillons, nous obligent à vivre dans la simplicité.
En outre, c’est l’occasion d’essayer d’apprendre aux enfants le sens de l’effort, de la persévérance : oui, dans la vie, on est forcément confronté à des moments difficiles ! Le bonheur qui vient après les difficultés surmontées est encore plus beau. Cela nous fait grandir en maturité.
Ce volontariat nous donne l’occasion de prendre conscience, ensemble, de la grande chance que nous avons de vivre en France. Alice nous l’a dit un jour à sa manière : « Au début, je croyais que ma vie était nulle. Comparée aux malheurs des Congolais -pauvreté, ne pas aller à l’école, ne pas avoir de maison ou avoir de minuscules maisons…-Tous ces malheurs, je ne les connaissais pas. J’aurais dû m’en rendre compte : la France est un paradis comparé au Congo. Peut-être qu’un jour on pourra changer ça, faire une récolte de fonds pour leur donner un foyer, leur donner des jouets, leur apprendre à lire et à écrire. J’espère qu’un jour nous pourrons faire un monde meilleur. ».
Ce volontariat en famille nous permet également de passer beaucoup de temps ensemble, d’apprendre à prendre soin les uns des autres.
Quelle relation avez-vous tisée avec les Congolais ?
Nous ne savons pas si ce qui est mis en place perdurera, mais ce que nous faisons, nous le faisons ensemble, dans un esprit de co-développement. Dans notre mission, nous sommes bien au-delà de la recherche de l’efficacité que nous avons l’habitude de vivre et on voit bien que ce n’est pas non plus ce qu’ils attendent. Quand les Congolais nous disent « on est ensemble » cela signifie avant tout prendre le temps de la rencontre. « Vous êtes avec nous » est plus important que « ce que vous faites » car « maintenant vous comprenez ce que nous vivons ». Les temps informels, les temps de fête, les invitations sont autant de moments pour se connaître de part et d’autre et vivre une fraternité. C’est là, selon nous, l’essentiel de notre mission !
Ce volontariat en famille nous permet également de passer beaucoup de temps ensemble, d’apprendre à prendre soin les uns des autres.


Aujourd’hui déjà, nous sommes heureux de constater un vrai chemin de croissance qu’ensemble nous avons parcouru depuis sept mois.
Pourquoi vous avez choisi la DCC pour vous accompagner ?
Nous avons choisi de vivre ce Volontariat de Solidarité Internationale avec la DCC, et nous en sommes très heureux. Le parcours de discernement puis de formation proposé avant le départ par l’ONG est solide. Nous avons particulièrement apprécié qu’il y ait aussi un temps de préparation dédié spécialement aux enfants.
Depuis que nous sommes sur le terrain à Kinshasa, nous sommes régulièrement en lien avec l’équipe salariée, mais aussi avec le chargé de mission pour la RDC qui est très disponible et de bons conseils lorsque nous en avons besoin. De façon tout à fait normale, il y a eu des moments très difficiles et nous avons apprécié de pouvoir avoir alors des entretiens avec un psychologue de l’équipe. Enfin, la DCC est une grande famille et il est donc rassurant de pouvoir s’appuyer aussi sur l’expérience de familles parties avant nous en mission, de nous retrouver entre volontaires du même pays pour échanger sur nos missions (souvent autour d’un bon repas !)
Aujourd’hui déjà, nous sommes heureux de constater un vrai chemin de croissance qu’ensemble nous avons parcouru depuis sept mois. Nous ne pouvons qu’encourager toute personne qui se pose la question d’une telle expérience à se lancer dans cette aventure si enrichissante ; à tout âge et même en famille !
