Le français, une langue pas facile à apprendre

J’ai 23 ans, je suis française et je suis actuellement en mission de Volontariat de Solidarité Internationale en lien avec l’association de la « Délégation Catholique pour la Coopération » depuis cinq mois à Madagascar.

Où suis-je ? 

Je travaille dans une école privée catholique créée par les sœurs du Sacré Cœur de Jésus. Il s’agit d’une congrégation internationale dont la maison mère se trouve à St Jacut, en Bretagne. L’école a été construite en 2018 dans la petite ville d’Ambositra et l’expression française y est plébiscitée. L’objectif à terme est de devenir une école d’expression française. Je suis responsable de l’enseignement de la langue française ainsi que de la formation de l’équipe enseignante. L’équipe est constituée de huit sœurs dont une qui occupe le poste de direction. 

Pourquoi partir ? 

En partant en tant que VSI avec la DCC, mon objectif était de participer au développement des pays du sud et d’apporter mon aide à un partenaire local qui en ressentait le besoin. Etant enseignante en France, le poste qui m’a été offert correspondait tout à fait à mes connaissances et à mes compétences. L’objectif principal est de développer la langue française auprès des élèves, des enseignantes, mais la dimension d’interculturalité prend tout son sens une fois en mission. Le partage va bien au-delà de ces objectifs ! 

Pourquoi apprendre le français aux élèves malagasy ?

J’ai vite compris la nécessité de l’enseignement du français à l’école. À Madagascar, il y a deux langues officielles : le malgache et le français. Le français y était autrefois couramment parlé sous l’emprise coloniale. Désormais, sur les générations actuelles, il est très peu développé surtout dans les petites villes. La population a l’habitude de pratiquer la langue locale et se préoccupe peu du français. Seulement, les élèves passent leurs examens en français et toutes les procédures administratives se réalisent également en français.

L’enseignement du français dans toutes ses difficultés…

Le français n’est pas une langue facile à apprendre. La pratique et la théorie ne sont pas la même chose. On apprend plein de choses à l’école mais il est parfois compliqué de pratiquer au quotidien. En effet, le français a une sonorité différente du malgache. De plus, il existe plein d’expressions, beaucoup de temps de conjugaison et de modes, des mots à plusieurs sens, etc. J’ai eu beaucoup de mal à adapter mon enseignement à cause de la barrière de la langue et le français ici est différent. J’ai dû m’habiter au français de Madagascar. Heureusement, les enseignantes ont plutôt un bon niveau de français et nous arrivons à travailler en collaboration pour développer la langue française chez nos élèves. Sous forme de projets, de jeux de rôles et de dialogues, nous arrivons peu à peu à partager avec nos élèves. Pour apprendre une langue, il faut pratiquer encore et encore ! Et pour renforcer cet apprentissage du français, j’ai créé une salle de classe à la française avec des jeux et des livres à disposition des élèves pendant les temps de récréation. Ils en sont très heureux !  

La mission est exigeante car la vie est exigeante. Elle est remplie de rencontres, d’espérance, d’abandons et de joie profond.

L’interculturalité dans toutes ses dimensions ! 

A travers mon quotidien en mission, je découvre aussi la richesse de l’échange interculturel. Au-delà du partage que l’on entretient sur la langue, on découvre nos cultures respectives. Au début de ma mission, les élèves avaient peur de moi, car ici, on dit que les « Vazah » (= « étranger ») viennent chercher les enfants pour leur faire du mal. Heureusement, au fur et à mesure, nous apprenons à nous connaitre et désormais les enfants osent venir me voir pour me parler. Le partage interculturel se fait surtout avec les enseignantes pendant les temps de vie quotidienne. Nos traditions, nos croyances, notre alimentation, sont tellement différentes. Nous sommes parfois surpris dans un sens et dans l’autre de ce que fait l’autre.  « La mission est exigeante car la vie est exigeante. Elle est remplie de rencontres, d’espérance, d’abandons et de joie profonde. »