Le déchet à Lomé fait partie de l’espace public

Louise est volontaire DCC et responsable projet et développement pour Moi Jeu Tri à Lomé, au Togo. Elle nous raconte ci-dessous son expérience et son engagement pour le développement de la collecte et le tri des déchets au Togo pour sensibiliser les populations locales à adopter de meilleurs reflexes pour l’environnement.

L’ONG implantée au Togo, en Côte d’Ivoire et en France, a pour mission l’éducation à l’environnement, via la sensibilisation à la collecte et au tri des déchets auprès des élèves togolais dans les écoles. Un objectif de formation et d’insertion professionnel des jeunes éloignés de l’emploi dans la filière de la gestion des déchets a été développé.

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Le moins qu’on puisse dire en arrivant à Lomé, c’est que le secteur du déchet a de l’avenir et que le champ des possibles est ouvert dans la conception de nouveaux projets. Le déchet à Lomé fait partie de l’espace public. Dans les rues, sur les marchés, à la plage… on retrouve de tout : beaucoup de plastique, les sachets en plastique noir de toutes les tailles pour porter les courses, les sachets d’eau potable, les emballages de médicaments, de dentifrice, de lessive, les bouteilles de shampooing, les mignonnettes d’alcool en plastique, les piles, les vieux portables, les vieilles pièces d’ordinateur, la ferraille en tous genres, les pneus, les roues, un casque de moto cassé… un véritable marché de l’équipement défaillant.

Cela est principalement dû au fait que les systèmes de tri et de ramassage des ordures ne sont pas suffisamment développés pour répondre à la demande de la population grandissante de la capitale. La population trouve des solutions alternatives. Le rôle de collecte des déchets dans les foyers et les quartiers revient généralement aux femmes. Chaque matin, elles balayent les cours des maisons collectives et les rues où les déchets sont jetés au sol, elles les réunissent et la plupart du temps les brûlent. La pratique du brulis permet d’éliminer les déchets, mais peut s’avérer nocive pour la santé des habitants, notamment des enfants, en fonction des déchets brûlés (plastiques, déchets électroniques, etc.)

Il existe des systèmes de collecte mis en place par des travailleurs informels, qui vont collecter les ordures de maison en maison en échange de quelques milliers de francs CFA par mois, mais ils ne sont pas présents dans tous les quartiers et toute la population n’a pas les moyens de s’offrir leurs services. La communauté « Haoussa » est très organisée dans ce domaine, et ses membres se déplacent dans les rues de Lomé, en poussant de grosses brouettes et en criant « Gâté ! Gâté ! » pour avertir la population de leur passage. Ils achètent les déchets aux habitants, notamment la ferraille et le plastique dur, mais également les déchets d’équipements électriques et électroniques. Des entreprises formelles rachètent les déchets auprès de structures privées et publiques, les trient et leur trouvent des filières de valorisation.

Quand les déchets ne sont pas directement brûlés, ils sont amenés dans d’immenses décharges à ciel ouvert, qui fleurissent un peu partout dans la ville (le long de la frontière avec le Ghana, derrière le Marché de Gbossimé, au cœur de quartiers d’habitation, etc.). Sur ces décharges, des personnes collectent les déchets qui ont un peu de valeur afin de les revendre pour trouver un petit revenu.

Les déchets et leur gestion sont donc un réel enjeu social, environnemental et économique et au cœur de nombreux projets et initiatives citoyennes ou d’ONG visant à trouver des solutions à ce problème. Des petites entreprises les transforment en œuvres d’art, ou en accessoires de mode, d’autres en font des pavés, ou des tables-bancs pour les écoles.

Moi Jeu Tri se concentre dans ses projets sur le rôle éducateur de l’enfant. En sensibilisant les élèves des écoles et en les rendant acteurs de la collecte et du tri, notre objectif est de faire des générations suivantes des écocitoyens sensibles aux problématiques de protection de l’environnement. De plus, en éduquant les enfants sur ces sujets ; nous avons l’ambition que nos messages atteignent leur entourage et que les adultes de leurs familles, de leurs quartiers adoptent des réflexes positifs liés au traitement des déchets. Un des projets en cours de développement est de structurer dans nos communes d’intervention des filières de collecte et de tri des déchets, gérées par des jeunes éloignés de l’emploi organisés en coopératives.

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