Jeanne-Louise et Alban ont été envoyés en mission de volontariat à Yaoundé, au Cameroun, pour deux ans, accompagnés de leurs filles. Depuis plus d’un an, ils vivent avec la population locale dont ils découvrent la culture et les croyances. Eux-mêmes croyants, ils nous partagent ce qu’ils vivent sur le plan spirituel.
Envoyés par la DCC à Yaoundé au Cameroun pour 2 ans avec nos enfants, nous avons à cœur de vivre notre foi en famille. Nous sommes en mission dans 2 congrégations différentes : chez les Lazaristes pour Jeanne-Louise et chez les Frères de Saint-Jean pour Alban.
La dimension spirituelle est importante pour nous, pour notre mission. Nous avons été envoyés par l’Église, pour l’Église. Aller à l’église et prier est pour nous une façon habituellede remercier Dieu pour cette expérience de volontariat et de lui demander son soutien mais aussi de rendre grâce pour tous les moments vécus ici.


Le Cameroun est un pays très croyant. Pour reprendre une formule issue de notre formation DCC : « Ce pays est majoritairement chrétien, une partie musulmane et 100% animiste ! » Les musulmans sont plutôt dans le nord et extrême-nord du Cameroun. Yaoundé, mis à part quelques quartiers musulmans, est essentiellement chrétienne. Par exemple, la colline de Mvolyé, sur laquelle nous habitons, a été donnée à l’Église, nous vivons donc dans un milieu catholique.
Un Camerounais peut à la fois aller à l’église ou la mosquée et en même temps suivre les traditions ancestrales liées aux ancêtres et en même temps croire à la sorcellerie…
Pour nous, c’est assez facile de pratiquer et de partager notre foi. C’est en même temps déroutant que les personnes qui partagent notre foi nous parlent aussi de sorcellerie, de maraboutisme et de rites des anciens ! Dans les villages de brousse, cela doit être encore pire.

À Yaoundé, il y a les églises diocésaines, les congrégations religieuses, mais aussi beaucoup d’églises « réveillées ». Nous avons choisi dans un premier temps une église diocésaine proche de chez nous, mais nous n’avons pas réussi à nous intégrer rapidement. Par facilité et proximité, nous nous sommes rapprochés de la communauté des frères de St Jean, partenaire de la mission d’Alban. Nous avons craint une proximité de tous les instants, mais c’est en fait un plaisir de retrouver ses collègues, certains de ses étudiants et les frères de la communauté.
Hormis la joie de retrouver aussi d’autres volontaires français, nous apprécions les percussions, balafons, danses, chorales, le rythme, les chants en français, anglais et langues camerounaises. C’est ce mélange qui est agréable pour nous. Le suivi de la liturgie romaine et maintenant de la nouvelle traduction du missel romain nous fait ressentir l’Église universelle, car nous vivons « exactement » la même messe ici que partout à travers le monde.


La foi un élément central dans la vie des Camerounais. Les références à Dieu sont omniprésentes : dans les rencontres, le travail, le sport etc. Tout est occasion de rendre grâce à Dieu : la prière avant les réunions ou les matchs de foot ou avant de prendre la route, les chansons à la radio, les conversations WhatsApp de l’école laïque de nos filles…
Ici les églises sont pleines à craquer, et l’on sent la joie de chacun dans un pays où l’on a peur du lendemain, où leur quotidien est difficile. C’est bien là qu’on se rend compte que le partage est simple mais réellement fraternel. C’est important pour notre famille de vivre ça, de toucher du doigt cette joie, de constater que l’on peut faire beaucoup avec peu.
Lors de nos vacances au Cameroun, nous essayons dès qu’il est possible de loger dans des communautés religieuses. C’est agréable d’échanger. On est toujours très bien reçu avec un accueil très fraternel. Nous avons aussi découvert des églises où les textes sont lus en langue camerounaise, où les chants et prières communes sont 100% en langue camerounaise, mais nous avons du mal à vivre notre foi dans ce contexte-là.

Pour nos filles, le choc fut vécu dans le cadre de la catéchèse qui s’appuie sur une pédagogie et des bénévoles camerounais. Leçons, copies, examens, notes forment la méthode très scolaire que nous avons trouvée. Bien qu’intéressante en terme de savoirs, nos enfants ne l’ont pas apprécieé et à nouveau, nous avons profité d’une proposition d’une communauté de Saint Jean, et plus particulièrement des sœurs de Saint Jean. Jeux, chasse aux trésors, théâtre biblique, apportent une solution plus didactique et plus douce pour rentrer en relation avec Dieu. Même si les rencontres sont peu nombreuses, ceci permet aux enfants de prendre du temps avec les sœurs qui par leurs vocations et enseignements témoignent de l’Amour de Dieu. Ce moment est important pour nos filles afin de relire certains moments de leur vie.

C’est important pour nous de vivre notre foi dans l’Église romaine tout en étant loin de notre pays. La relation de paroisse est présente et le plaisir de retrouver les uns et les autres à la sortie de la messe est là. Une fois revenus en France, réintégrer notre paroisse sera un plaisir mais il ne faudra pas s’étonner que nous frappions dans nos mains plus rapidement si le rythme est là !
