La léproserie de la Dibamba, un havre d’humanité et de prière au Cameroun

Un article de Céline, volontaire DCC au Cameroun, auprès de la léproserie de la Dibamba. En 1969, Robert Naoussi, un jeune garçon de 21 ans a été pris en charge dans le centre. Il y est décédé en 1970 des conséquences de la lèpre. Il a marqué l’histoire du centre, du quartier et des jeunes du Cameroun par sa foi et son acceptation de la souffrance.

Le centre de santé de la Dibamba

La léproserie de la Dibamba existe depuis 1954. La lèpre est une infection due à une bactérie, elle atteint les nerfs et la peau, entraînant des séquelles neurologiques et des plaies. La maladie étant contagieuse, cette structure excentrée de la ville de Douala était l’endroit idéal pour isoler les patients lépreux du reste de la population. Hospitalisés sur de longues périodes, ils ont parfois, même après guérison, de lourdes séquelles de la maladie. Rejetés, beaucoup ont fondé leur famille et ont vécu ici. Aujourd’hui encore, six patients présentant des séquelles de la lèpre vivent ici et parmi le personnel soignant beaucoup sont des descendants de ces patients.

Le centre de santé a gardé ce nom mais n’est plus officiellement une léproserie. En effet, au Cameroun, cette maladie n’est plus reconnue comme un problème de santé publique depuis 2000, c’est-à-dire qu’elle a franchi à cette date le seuil de moins d’un cas pour 10 000 habitants. Cela explique que beaucoup de personnes pensent que cette maladie n’existe plus au Cameroun et sont surpris d’apprendre que nous voyons encore de nouveaux cas. Ces 3 dernières années, nous avons reçu au centre une moyenne de 20 nouveaux cas par an.

Chemin vers la léproserie de la Dibamba
Bâtiments où vivent les anciens patients lépreux

 

Le traitement de la lèpre 

Grâce à un traitement combinant trois antibiotiques à prendre durant un an, le malade, s’il est dépisté à temps, peut espérer une guérison complète. Mais à cause d’un retard diagnostique certains patients arrivent parfois avec des atteintes irréversibles (doigts amputés, perte de la vue, infections sévères …). Nous sommes beaucoup confrontés aux réactions lépreuses, survenant à tout moment de la maladie, même après guérison, elles entraînent des douleurs intenses difficiles à soulager.

 

La stigmatisation autour de cette maladie est grande encore aujourd’hui. Il est important, lorsqu’on reçoit les malades, de leur apporter toute notre considération et tout le soin nécessaire.

Ma mission

Lorsque j’ai découvert sur ma fiche de mission que j’allais travailler dans une « léproserie », ma première réaction a été de penser : « Je ne connais rien de cette maladie ». En effet, elle ne fait pas partie du programme de médecine en France ! Finalement, ma mission est de réaliser des consultations de médecine générale ambulatoires, je vois donc beaucoup de maladies que je suis habituée à prendre en charge. Je suis, de temps en temps, confrontée à des suspicions de lèpre et dans ce cas, je peux solliciter l’aide de mes collègues expérimentés pour confirmer le diagnostic.

La stigmatisation autour de cette maladie est grande encore aujourd’hui. Il est important, lorsqu’on reçoit les malades, de leur apporter toute notre considération et tout le soin nécessaire. Les gens me demandent souvent « Tu n’as pas peur de l’attraper ? ». La contagion est faible, il faut vivre avec la personne pour risquer d’être contaminé. J’ai plus peur d’attraper la gale qui est bien plus contagieuse et très fréquente ici vu la promiscuité.

Le centre de santé est actuellement géré par une communauté de sœur Carmélites missionnaires. Avec elles et ces patients, nous formons un peu une famille, vivant dans ce havre d’humanité, de nature et de prière qu’est la léproserie.