J’ai passé noël en volontariat

Parmi les grands moments que les volontaires sont amenés à vivre en mission, il y a la célébration de Noël. Loin de son pays et des siens, la découverte d’une autre façon de vivre la venue de Jésus parmi les hommes est toujours une expérience particulière.

Konogan est parti deux ans comme volontaire de la DCC en tant qu’infirmier auprès de la communauté du Puits de Jacob, à Sokodé au Togo. Il nous raconte comment, accompagné d’amis venus le visiter, il a vécu un Noël hors du commun auprès de prisonniers.

À quoi ressemble un Noël au Togo ?
Konogan : Avant tout, il est important de situer le Togo : c’est un pays d’Afrique de l’Ouest, situé dans la région subsaharienne. En décembre, les températures avoisinent les 25 degrés; ce point est important car dans mon imaginaire relatif à Noël, je retrouve la neige, le sapin et le froid… Ici, c’est plutôt l’harmattan (vent frais mélangé avec le sable du Sahel), tongs et barbecue !

Le Noël à Sokodé est bien différent de ce que l’on peut découvrir à Lomé ou Kara car, même si la majorité de la population du Togo est chrétienne, à Sokodé l’ethnie majoritaire, les Kotocolis, est musulmane et représente 80 à 85% de la population de cette ville. Il en découle que l’on perçoit moins la frénésie de Noël.

Les familles catholiques s’habillent avec leurs plus beaux pagnes, souvent ils en achètent même un pour l’occasion et l’emmènent ensuite chez la couturière ou le tailleur. C’est un jour de fête ! Ils préparent aussi le repas pour le déjeuner du 25 décembre. Les enfants reçoivent des cadeaux, comme en France. Les Togolais aiment se faire plaisir pour cette fête.

Comment s’est passé ton premier Noël en mission ?
Konogan : Mon premier Noël au Togo a été difficile à vivre car j’y étais depuis presque un an et il existait un réel décalage dans les échanges avec mes proches en France. Heureusement, je travaillais le matin du 25 décembre et les jours suivants, ce qui m’a permis de faire plus facilement la transition avec le jour de l’An, que j’ai passé avec les autres volontaires de la DCC. L’après-midi de Noël, je suis passé voir, avec mon colocataire Charles, également volontaire DCC, des collègues de travail afin de partager leurs spécialités culinaires.  

L’année suivante, tu as en revanche vécu un Noël un peu spécial…
Konogan : Des amis français étaient venus me rendre visite. Le matin de Noël, nous nous sommes rendus à la prison civile afin de vivre avec le père Abala la célébration auprès des prisonniers.

Cette messe était particulière pour plusieurs raisons : son environnement d’abord, car nous étions aux côtés des prisonniers au sein même de la prison, là où ils vivent habituellement, là où ils prennent leurs repas, se retrouvent autour d’un jeu ou d’un travail. Ensuite, la célébration avec le père Abala est toujours une invitation à la parole car son homélie est le fruit d’échanges et de partages avec l’assemblée.

Après l’écoute des lectures, nous avons exprimé notre ressenti, notre vécu en lien avec notre propre histoire et on percevait un décalage culturel mais aussi social avec les prisonniers ou leurs familles. Enfin, paradoxalement, nous étions accueillis comme à la maison, nous oubliions presque que nous étions en prison, car les personnes qui n’assistaient pas à la célébration continuaient leurs occupations habituelles.

Pourquoi cette célébration de Noël vous a-t-elle tellement touchés ?
Konogan : Cette célébration était simple. Cette proximité avec les gardiens ainsi qu’avec les prisonniers nous a étonnés. Ce côté accessible est l’une des forces du Togo. Nous avons découvert des choses que l’on ne pensait pas du tout vivre.

Parfois, dans notre périple touristique, je voulais montrer à mes amis les plus belles choses, mais c’est souvent la proximité avec la population et la rencontre qui les ont réellement touchés.

Que retiens-tu de cette expérience ?
Konogan : Ce fut une expérience enrichissante humainement et sur- tout spirituellement. J’ai eu l’opportunité de faire vivre à mes amis mes activités qui, parfois, pouvaient les étonner ou les questionner. C’est important de pouvoir partager notre quotidien et la vision qui se construit ou se modifie durant le volontariat. Mon regard sur Noël a changé : je lui donne une signification et une sensibilité différentes.

Oui, c’est important aujourd’hui, dans notre société occidentale, d’être en famille, d’être avec nos proches, mais c’est aussi important de côtoyer ceux qui sont isolés, à l’écart de notre société.