En volontariat, exercer un métier inconnu

Clémence, psychomotricienne, a exercé son métier pendant un an comme volontaire au Liban. Elle nous partage son expérience professionnelle et humaine au sein du Foyer Notre-Dame des Douleurs de Ghodras.

Le foyer Notre-Dame des Douleurs est tenu par des religieuses et accueille des personnes âgées qui présentent des pathologies ou non. Psychomotricienne depuis 2018, ma mission au sein du foyer était d’exercer mon métier, ainsi que de coordonner et d’organiser les différentes activités du foyer.

Avant de venir en mission, je travaillais au sein d’un IME (institut médico éducatif) qui accueille des enfants déficients intellectuels et autistes. Je n’avais jamais travaillé auprès de personnes âgées et ce fut pour moi une très belle découverte. Mon métier est un métier qui est peu connu en France mais encore moins au Liban. Il a fallu expliquer et réexpliquer mon rôle auprès de l’infirmière coordinatrice et des autres membres de l’équipe. En tant que psychomotricienne, j’effectuais des séances individuelles notamment de la relaxation. Avec peu de matériel il faut s’adapter sans cesse. Toujours rester créatif. Chaque petite pierre posée me semble importante et j’espère que derrière, elle portera du fruit.

A la différence de la France où le travail d’équipe est primordial, à Ghodras, il est quasi inexistant. Il n’y a pas de synthèse, pas d’évaluation autour de chaque résident, pas d’échange clinique. C’est un défi que nous avons essayé de relever avec Capucine, une autre volontaire du foyer. Cependant, il a été très difficile de faire évoluer les choses. Nous avons eu une première réunion d’équipe au bout de 9 mois. Ce fut une grande joie. Espérons que ça puisse continuer et que chacun puisse s’en saisir.

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Lorsque je suis arrivée, nous étions à la sortie de la troisième vague de Covid, les activités avaient été arrêtées. J’ai donc dû tout reprendre à 0. En mettant en place des objectifs thérapeutiques, des groupes… il n’a pas été facile au début de mobiliser les résidents car ils se sont vite habitués à leur quotidien sans activités. Cependant, après neuf mois, j’ai pu grâce à l’aide d’autres bénévoles mettre en place un bon nombre d’activités étalées sur la semaine. Nous avons par exemple mis en place des repas thérapeutiques, de la cuisine thérapeutique également en Alzheimer, un atelier mimes, un atelier écriture… désormais les résidents attendent avec impatience ces activités. La vie a repris au foyer.

En outre, le Liban vit aujourd’hui une situation de crise très importante. La monnaie a été dévaluée, la crise touche presque tout le monde. Cela s’est répercuté notamment sur mon travail. Il y avait un manque certain d’employés au sein du foyer et, j’offrais donc mon aide pour différentes tâches. La mission c’est aussi se mettre au service pour des choses inattendues. Et toujours en ayant le sourire.

Ce que j’aimais énormément dans ma mission, c’est tout le lien que l’on peut faire avec les personnes âgées. J’ai eu la chance de pouvoir beaucoup échanger avec elles. J’aime beaucoup lorsqu’elles me racontent leurs histoires passées. J’en apprend beaucoup. Je ne pensais pas qu’un sourire était si important mais au Foyer, un sourire vaut tout l’or du monde. Comme le disait mère Thérèsa, « Nous ne saurons jamais tout le bien qu’un simple sourire peut être capable de faire. »

L’amour a été aussi l’essentiel de ma mission, l’amour que j’ai donné à chaque résident, en l’accompagnant au mieux. L’amour que j’ai mis dans chaque petit geste à leur égard ou à l’égard des employés. Mais aussi, l’amour qu’ils m’ont donné et apporté. C’est cela qui a fait que la mission fut si belle pour moi. Ils sont devenus aujourd’hui ma famille libanaise.