Tout juste rentré de Bolivie, où il était volontaire pendant un an près de Sucre, comme chargé de projet agro-écologie, Marcel nous partage son observation de la faune et de flore des hauts plateaux du sud de la Bolivie.
Au niveau des animaux domestiques, on retrouve tout ce qu’on connaît chez nous : vaches, ânes, cochons, poulets, moutons, chèvres, abeilles, dindons…
La différence la plus frappante avec la France au niveau des animaux consommés, c’est la consommation des cuys ou cochons d’inde qui sont très appréciés ici bien qu’ils ne se trouvent qu’à l’état sauvage en Bolivie, à la différence du Pérou où j’ai entendu dire qu’ils étaient élevés. Pour ma part, je n’en ai pas mangé, mais j’ai tout de même mangé du caïman !


Par contre au niveau des animaux sauvages, on retrouve des insectes, oiseaux, des reptiles, des amphibiens et des mammifères mais pour le coup bien différents. Insectes : il y a des blattes, des fourmis, des papillons comme on peut voir chez nous sauf que les fourmis peuvent être d’une espèce un peu plus grosse que d’ordinaire avec une énorme mandibule qui leur permettent de tailler un chou en deux trois mouvements. Il y a aussi des chenilles magnifiques comme des processionnaires mais seules, bien plus grosses et de couleur. Il n’y a pas de moustiques où je suis.
Araignées et scorpions : je n’ai pas vu d’araignées bien différentes ici mais des scorpions oui, tout petits.
Là où je me trouve, à 2 800 m d’altitude, il y a des nombreuses espèces d’oiseaux allant des petits moineaux, au merle ou chocard à bec jaune puisque c’est la montagne, ara verts, rapaces ressemblant à des buses, faucons, oiseaux chanteurs inconnus, mais le plus emblématique de tous serait évidemment le colibri qui vient souvent butiner les fleurs du centre ici.
Le fameux condor des Andes vit plus haut que chez nous. Et plus bas, il y a tous les oiseaux de rivière que l’on connaît en Amazonie et sûrement d’autres que je ne connais pas.


Au niveau des serpents, on retrouve des couleuvres et des vipères. J’ai pu en particulier voir à plusieurs reprises des serpents corail. Au niveau des amphibiens, il y a des rainettes bien vertes et des crapauds tout petits dans le potager. Dans la partie tropicale de la Bolivie, on retrouve le caïman qui est consommé.
Pour les mammifères, outre les dauphins d’Amazonie, il y a où je suis des fouines, des pumas, des lions qui ne doivent pas être autre chose que des chats sauvages ou guépards et des renards. Je n’en ai pas vu moi-même mais bien entendu parler comme prédateurs du bétail qui est en liberté ici.

Pour ce qui est de l’action de l’homme, Les paysages sont façonnés par l’action de l’homme : les feux non maitrisés, le pastoralisme, le travail des champs. Un défi que pointent les agronomes serait la reforestation des collines environnantes qui ont été défrichées et pelées. Notamment pour tenter de conserver de l’humidité dans la région tout au long de l’année. Le défi est aussi d’introduire des espèces natives telles que le pin et non l’eucalyptus comme il y en a beaucoup qui au contraire assèche les sols où il est implanté. Il y a d’ailleurs par ici des projets de production de champignons au pied des pins pour en faire des farines, des biscuits, des cafés, etc.

On retrouve au niveau du jardin toutes les mêmes espèces (chou, carottes, céleri, betteraves, navets, tomates, poivrons, oignons, persil, courges, radis, salades) avec en plus des espèces aromatiques nouvelles, un piment typique, des arbres natifs dont un, dont le sol autour sert d’engrais. Il y a également le romarin, l’origan, la verveine, le thym, les roses, la vigne et toutes sortes de plantes ornementales communes avec chez nous. De différents, on retrouve les cactus, des plantes grasses inconnues et des herbacées.
Un animal qui m’enthousiasme particulièrement serait le colibri, tout petit, silencieux, qui butine en vol stationnaire et qui n’est pas sans rappeler l’héritage philosophique de Pierre Rabhi sur la sobriété bienheureuse avec son conte bien connu, où le colibri pour éteindre un incendie fait « sa part ».
Ma mission au milieu de tout cela fut d’appuyer les paysans à produire des légumes eux-mêmes où ils sont, en essayant de faire en sorte que le centre où une trentaine de personnes viennent travailler tous les mardis dans le potager soit un modèle pour eux et leur montre qu’il est facile de cultiver la terre. Mon job était surtout d’irriguer presque une fois par jour car il n’a quasiment pas plus de mars à octobre !


Le plus enthousiasmant pour moi aura été de pouvoir rencontrer de nombreuses personnes d’horizons très variés qui participent tous à une dynamique commune de développement humain intégral et de pouvoir tisser des relations d’amitié au long cours en partageant les mêmes conditions de vie que ce soit avec des agronomes boliviens ou les jeunes et les enfants du village, le prêtre de la paroisse ou le serveur d’un café en centre-ville de Sucre auquel j’ai pu vendre des salades, les mères et grand-mères du village qui se dévouent courageusement et les pères et grands-pères qui travaillent dans les champs, le mécanicien qui m’a réparé je ne sais plus combien de fois la moto et la médecin et l’infirmier qui m’ont partagé leur connexion wi-fi dans leur centre de santé et que je retrouvais lors des fêtes de la communauté.
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