Camille est coordinatrice administrative et animatrice au cœur du foyer Claire Amitié au Sénégal. Cette association a pour vocation d’accueillir, d’accompagner et de former des jeunes filles et jeunes femmes issues de milieux extrêmement défavorisés. Son but : conduire ces femmes jusqu’à des formations professionnelles, gage d’autonomie, afin qu’elles puissent prendre toute leur place dans la société de leur pays.
Camille, la DCC t’a envoyé en mission auprès de l’association Claire Amitiés. Quelle est l’action de ce partenaire local ?
Claire Amitié est une association créée initialement en France pour accueillir des femmes de familles ouvrières qui vivaient dans la rue. Par la suite, un premier centre à l’international a été ouvert à Kaolack au Sénégal. Accrédité par le ministère de l’éducation Sénégalaise, son objectif est d’accueillir et de former des jeunes filles de 14 à 30 ans. Elles sont environ cent quarante à suivre un cursus de trois ans d’études. Deux types de formations leur sont proposés : une filière restauration et une filière couture.
Elles ne sont pas logées sur place et vivent en général dans leur famille à Kaolack. A la suite de leur formation, elles ressortent avec un diplôme de CAP reconnu par l’Etat qui leur permet de trouver du travail. Une remise à niveau en français, des cours d’anglais, d’informatique et de mathématiques est prévu dans la formation. Celle-ci est indispensable pour ces filles qui, bien souvent, n’ont jamais été scolarisées ou scolarisées très tôt. Le centre leur offre également une formation humaine dans laquelle divers sujets sont abordés tel que la puberté, le mariage, le viol, ou encore la consommation de substances illicites.
Le but du centre est de former des femmes FREE, Femmes Responsables Epanouies et Entrepreneuses. L’idée est de donner aux femmes la possibilité, à la suite de la formation, de trouver un métier qui les rendrait financièrement autonomes. D’ailleurs, le slogan de l’école est « Eduquer une femme, éduquer une nation ».

De ton côté, comment contribues-tu au développement dans ta mission au sein du foyer Kaolack ?
Le centre est tenu par laïcs consacrées qui s’occupent de l’administratif et de la gestion du centre. J’assiste principalement la directrice du foyer sur diverses tâches quotidiennes, comme par exemple préparer les cours pratiques de cuisine, aller chercher du gaz ou encore aller faire les courses. J’accompagne aussi la secrétaire sur des tâches administratives. Je fais de la recherche de fonds et de partenaires, une tâche indispensable pour l’ONG qui fonctionne seulement grâce aux dons et aux donations privées.
Pour finir, je donne des cours de formation humaine aux filles de premières années. Le livret donné au début de leur formation retrace les neuf compétences que l’association leur apportera dans leur cursus. J’adapte souvent mes cours en fonction de ce qu’elles veulent faire… Lorsque des formatrices sont absentes, il m’arrive de donner des cours de cuisine.
Ce que j’aime le plus dans ma mission c’est sa diversité. Un jour, je rédige un projet, le jour d’après, je donne des cours et passe du temps avec les filles. Je compte également mettre diverses activités en place et j’ai hâte d’avoir le retour des filles !


Qu’est-ce que ta mission auprès des jeunes filles du centre t’a appris sur l’éducation et la place de la femme dans la société sénégalaise ?
Au Sénégal, environ 40% des filles atteignent un niveau d’étude secondaire assez élevé. Bien que le pourcentage de filles qui continuent leur étude par la suite soit plus faible, des femmes finissent à des postes hauts placés en politique, au ministère par exemple.
Les femmes connaissent leurs droits même s’ils ne sont pas toujours respectés. Au centre par exemple, une fille est tombée enceinte à 18 ans et le père n’a pas voulu reconnaître l’enfant. Pour cette femme, il a été très compliqué de faire entendre sa voix auprès de la police, face à la voix du père de l’enfant. Il est important que les femmes soient conscientes de leurs droits. Il y a d’ailleurs quelques structures à Kaolack qui œuvre pour les droits du mariage.
Au travers des formations humaines
et des temps de développement personnel,
les femmes se forment et développent
leur opinion critique.
Comment le foyer Claire Amitiés aide les jeunes femmes à construire leur avenir dans la société sénégalaise ?
Les Sénégalaises ne se laissent pas faire, ce sont des battantes ! Si quelque chose ne va pas, elles savent qu’elles peuvent compter les unes sur les autres. Il y a beaucoup de soutien entre elles et cela leur permet d’avancer quand même et de tenir le coup dans les moments qui peuvent être difficiles.
Le foyer s’inscrit totalement dans une dynamique de durabilité sociale car il accueille des filles qui ne se seraient jamais formées autrement. Au travers des formations humaines et des temps de développement personnel, les femmes se forment et développent leur opinion critique.
Pour finir, nous avons le projet d’ouvrir un restaurant d’application biologique, dans lequel les filles travailleraient soit en cuisine soit au service. Cela ferait partie de leur cours et tous les produits utilisés seraient issus de l’agriculture biologique. Mettre ce projet en place permettrait d’éveiller les consciences auprès des filles mais aussi des clients sur l’importance de l’agriculture biologique. Dans d’autres foyers, ils ont leur propre potager et poules ! Nous aimerions bien mettre cela en place ici également, mais faute d’espace et de moyen ce n’est pas possible pour l’instant.