Cécile est volontaire DCC en Tunisie, elle enseigne le français aux adultes dans la Médina et fait du soutien scolaire aux enfants de Melassine, un quartier défavorisé de Tunis. Elle nous explique comment se passe le confinement, et nous fait part de son ressenti sur de la situation.
Témoignage recueilli le 28 avril
La Tunisie est-elle confinée ? Comment le vis-tu ?
Cécile : Oui nous sommes confinés, depuis maintenant 5 semaines. On sort une fois par semaine pour faire les courses. On a internet à domicile ce qui nous permet de rester informées et en contact avec nos proches.
Je me sens très bien ! Le climat à Tunis n’est pas anxiogène, et je suis bien suivie par la DCC, ma chargée de mission, et l’ambassade de France à Tunis. J’ai également la chance d’être confinée dans des conditions idéales et avec une autre volontaire DCC.
Avec la situation sanitaire actuelle, arrives-tu à poursuivre ta mission ?
Cécile : Ma mission est plus ou moins à l’arrêt avec la mise en place du confinement à Tunis depuis le 23 mars. Mon activité d’enseignante ne peut plus avoir lieu, et le manque de moyen dans les quartiers où j’intervenais ne permet pas de pratiquer l’enseignement à distance. J’ai cependant mis en place des cours en visio deux fois par semaine, pour un petit groupe d’étudiants qui a la possibilité de se connecter à internet. Je travaille également à la mise en forme sur ordinateur d’une méthode de lecture pour les migrants.
Pourquoi as-tu fait le choix de rester dans ton pays d’accueil ?
Cécile : Ne pouvant continuer à exercer ma mission, je me suis posé la question de la pertinence d’un confinement en Tunisie plutôt qu’en France… Mais finalement, le confinement me permet d’avoir un contact différent avec certains de mes étudiants, et de mieux comprendre leur culture, notamment en cette période de ramadan. C’est aussi un moyen de montrer mon soutien à la population, et de dire “on est là, même dans les moments difficiles”.
Peux-tu nous donner plus d’information sur la situation en Tunisie ?
Cécile : Officiellement, la Tunisie recense environ 900 cas de coronavirus et une quarantaine de décès. Si ces chiffres semblent montrer une maîtrise de la situation, ils posent aussi la question de leur véracité… Le confinement est difficile à respecter pour la population, il y a encore beaucoup de gens dans les rues, les marchés, les magasins… Peu de gens ont des masques ou des gants. La Médina où nous habitons, est cependant très calme, notamment avec l’instauration d’un couvre-feu de 20h à 6h. Le confinement amplifie les difficultés sociales, notamment pour les travailleurs journaliers nombreux en Tunisie… Le pays semble se diriger vers un déconfinement ciblé, à partir du 3 mai.
Quels sont les changements que tu as constatés depuis le début de la crise ?
Cécile : La plupart des magasins sont fermés, ainsi que les restaurants et les cafés. C’est un grand changement dans les habitudes des Tunisiens. La Médina est beaucoup plus calme, et on entend mieux le chant des muezzin ! Il y a en revanche une pénurie de farine et de couscous dans les magasins, principaux aliments des Tunisiens. Et depuis vendredi, c’est le premier ramadan confiné…
Comment se déroulait ton volontariat jusqu’à ce qu’arrive l’épidémie ?
Cécile : Mon volontariat se déroulait très bien, entre enseignement du Français aux adultes dans la Médina et soutien aux enfants à Melassine, un quartier défavorisé de Tunis. J’avais beaucoup de plaisir à enseigner et j’apprenais en même temps beaucoup de mes élèves, c’était un véritable échange !
Je vous partage une anecdote actuelle. Comme il me tenait à cœur de découvrir les traditions de Ramadan même en étant confinée, un de mes étudiants a organisé un exposé en visioconférence, en recréant tout un décor chez lui. Il a même invité tous les participants à porter des costumes traditionnels. Il était très motivé, à la fois pour perfectionner son Français, mais aussi faire découvrir sa culture ! C’était un beau moment…
La Medina vidée de ses clients et commerçants