« Grandir ensemble et déplacer des montagnes »

Déléguée nationale et et commissaire internationale aux Scouts et Guides de France, Coline Garnier témoigne des liens forts qui unissent les porteurs de foulards aux volontaires DCC. Un objectif commun : le service pour un projet local et durable au profit de la solidarité internationale. 

« Je viens du sud de la France, et je  suis arrivée en région parisienne à la fin de mes études. Je viens d’une famille où le voyage est très important. J’avais déjà eu la chance de vivre en Australie avec mes parents, puis d’effectuer une année d’études à l’université de Rio de Janeiro au Brésil. A mon retour en France,  je voulais retrouver une forte dimension internationale dans mon travail, et je me suis orientée vers des études en relations internationales.

J’ai commencé par travailler au sein du service des relations publiques de l’Armée de Terre, puis à la Commission Armée Jeunesse. Un de mes responsables au sein de l’armée m’a fait découvrir l’Afrique : ça a été le déclic pour chercher un service civique international. Le vivre par  les Scouts et Guides de France était un vrai plus ! Je suis donc partie au Tchad en 2017. A mon retour, j’ai terminé ma mission au sein du Département International des SGDF. J’ai ensuite repris mes études et effectué une formation en alternance au sein d’ATD Quart Monde France.

En parallèle, j’ai découvert le scoutisme au lycée. J’ai été caravelle un an, avant de devenir cheftaine plusieurs années. C’est après mon service civique au Tchad qu’on m’a proposé de devenir responsable nationale bénévole, en charge du lien avec l’Association Mondiale des Guides et des Eclaireuses (AMGE). Depuis le 1er juillet, je suis déléguée nationale en charge de l’international et commissaire internationale des SGDF.

 

Tu es partie comme volontaire au Tchad en 2017. Quels impacts cette expérience a-t-elle eue sur toi ? Comment as-tu vécu l’interculturalité ? 

Je suis partie en 2017 au Tchad en tant que volontaire service civique pour les Scouts et Guides de France, auprès de l’Association des Scouts du Tchad (AST) à Moundou. Ma mission était d’appuyer l’AST dans de nombreuses activités, et principalement de participer au développement d’actions éducatives. J’ai effectué cette mission en binôme avec le permanent salarié de l’association, Victoire Essebeye.

Ce service civique a été une expérience fondamentale dans ma vie. Personnellement, cette mission m’a profondément marquée : en étant totalement immergée au sein d’un pays inconnu, et en étant confrontée à des difficultés que je n’avais jamais rencontrées auparavant, j’ai été obligée de remettre en question mes attitudes, mes attentes, ma façon de vivre et de voir les choses, de gérer mon quotidien. Cette mission m’a chamboulée : j’y ai vécu des moments particulièrement difficiles de remise en question profonde, mais j’ai aussi appris et grandi comme je n’aurais jamais pu le faire autrement.

Cette mission a également été pour moi une révélation dans ma vie de scoute et de guide : elle m’a fait prendre conscience de la dimension globale du scoutisme et du guidisme et de la solidarité internationale.

J’avais beau avoir été préparée à vivre l’interculturalité (grâce à une formation au départ de la DCC), le vivre permet de vraiment comprendre ce que cela implique : s’adapter à des temporalités différentes, comprendre sa place, ce que l’on représente en tant que volontaire et l’image qu’on renvoie, la perte de repères… Autant d’éléments qui nous bousculent au plus profond de notre engagement, de notre foi… Mais qui nous font également prendre conscience de l’importance de la rencontre, de l’ouverture à l’autre, de l’humilité. Quelle richesse ensuite dans les échanges et les rencontres !

 

Pourquoi faut-il promouvoir le volontariat ? 

Le volontariat est un engagement pour se mettre au service : on y apprend à lâcher prise sur ce qu’on a l’habitude de vivre, à faire confiance, à se remettre en question. C’est une expérience extraordinaire qui permet d’apprendre et de grandir, grâce à l’autre. Dans notre société, ce  format permet de rendre concret son engagement, de remettre l’humain au cœur de ce que l’on fait et de nos préoccupations.

S’engager comme volontaire aujourd’hui, c’est également vivre la solidarité internationale : dans le contexte actuel,  elle est fondamentale pour maintenir le lien entre les partenaires, les structures, les êtres.  Le volontariat permet de vivre la rencontre interculturelle, et d’en devenir ambassadeur et ambassadrice au quotidien.

 

Quels liens, valeurs fortes la DCC et le mouvement des SGDF partagent-ils ?  

La DCC et le mouvement des SGDF sont des partenaires historiques, et se retrouvent autour de nombreuses valeurs : le service pour un projet local et durable, la vision de la solidarité internationale qui place l’humain au cœur du projet, le respect de l’autre, l’importance de la dimension spirituelle….  Le volontariat, comme le scoutisme, répond à l’aspiration d’être en relation avec les autres, la nature, le monde qui nous entoure, et c’est ce qui nous lie et nous anime.               

 

Les SGDF se sont engagés récemment dans un plan d’action en faveur de la conversion écologique avec des objectifs chiffrés. Quel sens prend l’écologie au sein des SGDF et de vos activités ? Pourquoi avoir choisi  Laudato Si comme référence ? 

Cet été, lors de notre Assemblée Générale, la résolution « Tout est lié » autour de la conversion écologique a été votée. Elle s’articule autour de trois axes : éduquer, agir et témoigner. Elle impulse une réflexion autour de la question du comment prendre soin de soi, des autres, de la nature, de ce en quoi nous croyons.

Nous voulions indiquer un objectif chiffré autour de la réduction de notre empreinte carbone, et nous souhaitons une diminution de cette empreinte de 21,5% d’ici 2025. Pour cela, nous voulions que chaque membre du mouvement soit impliqué dans la démarche et puisse partager ses préoccupations et ses attentes sur le sujet. Entre 2019 et 2020, nous avons lancé une grande démarche participative au sein du mouvement, avec un questionnaire envoyé à tous nos membres de 6 à 91 ans. 4 notions clés sont ressorties de ce questionnaire autour de la conversion écologique : le partage, le respect, le vivre ensemble et la nature. Dans un second temps, le jeu des conseils aux différents échelons de l’association a permis de faire remonter les besoins de chaque niveau pour améliorer la démarche de conversion écologique. En parallèle, nous avons fait appel à un cabinet externe afin de réaliser le bilan carbone de notre association.

De cette démarche, nous avons rédigé un kit d’activités autour de la conversion écologique qui mutualise les outils déjà existants à tous les niveaux de l’association, et qui propose pour chaque thématique des activités d’année, de camp, les soutiens possibles et les partenaires existants sur chaque thématique (spiritualité, vie dans la nature, réparation, santé physique et mentale, alimentation, numérique, solidarité…). Le local scout est identifié comme étant le premier lieu de la conversion écologique.

Par cette démarche, nous souhaitons également relever le défi éducatif de l’encyclique du Pape François Laudato Si, dans laquelle il nous exhorte à protéger notre « maison commune » en insistant sur trois principes fondateurs de la conversion écologique : tout est lié, tout est donné, tout est fragile.

« J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. » (Encyclique Laudato si’, § 14).

Afin d’y répondre, les SGDF ont voté à l’assemblée générale 2019 la résolution « Vers la conversion écologique des Scouts et Guides de France » qui appelait les membres de l’association à participer à une démarche collective pour s’engager davantage sur la préservation de notre environnement. La résolution « Tout est lié » votée cette année permet de s’engager un peu plus dans cette démarche.

 

Quelles sont les actualités pour la politique européenne et internationale des SGDF ? 

C’est une année pleine de défis et de projets qui arrive ! Avec la pandémie mondiale, de nombreux événements internationaux ont été reportés cette année, notamment le Jamboree européen (rassemblement européen de 40 000 jeunes en Pologne) qui aura lieu l’été prochain. Entre juillet et août 2021, se déroulerons également les deux conférences mondiales de l’OMMS (Organisation Mondiale du Mouvement Scout) et de l’AMGE (Association Mondiale des Guides et des Eclaireuses), durant lesquelles nous allons voter les prochaines grandes orientations stratégiques du mouvement. Cette année, nous allons également organiser des rencontres nationales afin de lancer l’écriture de notre nouveau plan d’orientation, et nous souhaitons associer plusieurs partenaires internationaux à cette démarche d’évaluation et de projection !

 

Un dicton, une devise ? 

Beaucoup me viennent en tête, mais j’en ai une favorite : grandir ensemble et déplacer des montagnes ! »