Au Sénégal : un sens de l’échange et un sourire permanent

« Nous vivons au Centre de Formation Frédéric Ozanam, à Warang, un village de la Petite Côte au Sénégal. Nous travaillons tous les jours avec une équipe de 30 formateurs et employés de l’association, Clément à la comptabilité et Laura à la communication !  

Nous sommes également profs de maths et de comptabilité pour 100 élèves de la filière restauration, soit plus de la moitié des élèves du Centre ! Grâce à ces cours, on peut échanger et tisser des liens avec ces jeunes Sénégalais, qui ont une vie très différente de celle que nous avions à leur âge (environ 21 ans)… 

centre de formationCentre de Formation Frédéric Ozanam – Elèves de BEP Restauration – Laura prof de maths et Clément prof de droit et de comptabilité 

 

En effet, ils vivent souvent au sein d’une famille « élargie » mais beaucoup n’ont plus leurs parents ou ne vivent pas avec eux, ils n’ont pas tous l’eau courante ou l’électricité, ou ne serait-ce qu’un crayon pour venir en classe, ils ont parfois déjà des enfants (souvent hors mariage), ils ont une religion bien définie (soit chrétien, soit musulman) tout en étant avant tout animiste ou ancrés dans les traditions, les jeunes femmes doivent réaliser l’intégralité des tâches ménagères quand elles rentrent et ont peu de temps pour travailler leurs cours, ils marchent parfois plusieurs heures pour venir au Centre, ils ont rarement plus d’un repas par jour, ils ont souvent arrêté l’école au collège ou avant, ils travaillent parfois en même temps que le Centre pour payer les frais de scolarité, ils disent tout le temps « Inch’allah » (s’il plait à Dieu) et cela détermine à peu près tout ce qu’ils font ou explique les notes qu’ils ont ou leurs retards ou absences, certains encore sont analphabètes, bref, tout un monde nous sépare, et c’est surement pourquoi l’attachement que nous avons vis-à-vis de ces jeunes a grandi pendant toute cette année scolaire ! 

 

cours de mathsCours de mathématiques – Laura enseigne et  s’occupe de Dabba, la fille d’une élève qui vient en classe avec elle

 

 

 

 

 

La différence culturelle avec les Sénégalais est forte. De nombreux sujets sont tabous comme les rapports hommes-femmes, l’ (homo)sexualité, l’athéisme ou la non-croyance, les grossesses, et nos points de vue, plutôt progressistes, les étonnent ! A titre d’exemple, être une femme de 30 ans, mariée depuis 3 ans et sans enfant est assez choquant pour eux, et le fait que Clément cuisine plus que Laura les surprend également ! 

En parallèle de tout cela, il faut reconnaitre une prise de recul et une attitude toujours détendue face à tous les événements, ainsi qu’un sens de l’échange et le sourire permanent, qui rend chaque sortie dans la rue toujours sympathique, agrémentée par des salamaleks sans fin (« Salaamalekum ! MaalekumSalaam ! Na nga def ? Ma ngi fi, rekk !), bien loin des rues parisiennes où on se croise sans se voir ! 

Cette expérience de VSI nous aura permis on l’espère de toucher du doigt cette culture et d’en comprendre, en partie au moins, sa richesse. »

crepes

Journée galettes au Centre de Formation Frédéric Ozanam – Parce que même à 5 000km on n’oublie pas ses racines bretonnes !