Envoyée comme volontaire DCC au Congo-Brazzaville en septembre 2021, Marie-Aude assure la direction du Complexe Scolaire Cardinal Emile Biayenda à Nkayi. A la veille d’une nouvelle rentrée, elle nous fait part de l’expérience vécue au cours de l’année qui vient de s’écouler.
Nkayi est une petite ville se situant à mi-chemin entre Brazzaville, la capitale politique et Pointe Noire, la capitale économique. La culture de la canne à sucre y occupe une place très importante.
Je n’avais jamais travaillé dans une école auparavant, c’est la DCC qui a choisi de m’affecter à cette mission. L’année dernière, l’école Cardinal Emile Biayenda a accueilli 126 élèves du CP1 jusqu’en 3ème.
Mon travail quotidien consiste à m’assurer du bon fonctionnement de l’école, à gérer l’équipe administrative et enseignante, à assurer la surveillance de la récréation et des classes lorsqu’un professeur est absent, rédiger les différents rapports, assurer la représentation de l’école lors des réunions avec la Direction des écoles catholiques ou l’Inspection, m’assurer de l’équilibre financier de l’école.
les enfants n’arrivent pas à rester
à leur place plus de dix minutes
Il me faut accepter que l’école congolaise ne fonctionne tout à fait comme une école française. Ici, les enfants n’arrivent pas à rester à leur place plus de dix minutes, ils ont besoin de se lever, changer de place, sortir de la classe (voire de l’école) dès qu’ils le peuvent.

Il n’y a pas de surveillant dans notre établissement pour s’occuper des classes lorsqu’il n’y a pas d’enseignants. L’absentéisme des professeurs du collège nous faisant perdre en moyenne une vingtaine d’heures de cours par mois.
Il arrive aussi fréquemment qu’il n’y ait aucun adulte pour surveiller la récréation. Il me faut sensibiliser l’équipe sur ces manquements, sans chercher à pallier toute seule à tout si ni les enseignants, ni l’équipe administrative locale, ne se mobilisent.
Le défi majeur est que certains enfants
arrivent au collège sans savoir ni lire ni écrire.
Ici, pas d’informatique, ni de services postaux. Il faut parfois faire une heure de trajet, aller comme retour, pour déposer un rapport ou un courrier.
Le défi majeur est que certains enfants arrivent au collège sans savoir ni lire ni écrire. C’est un problème récurrent dans les écoles congolaises, principalement dû à une mauvaise formation des enseignants sur le plan pédagogique, et à un mauvais système de notation des élèves.
Notre objectif est d’offrir à nos élèves des outils et un accompagnement afin que tous quittent le primaire en sachant au moins déchiffrer un texte et se faire comprendre lorsqu’ils écrivent. Ce qui est plus facile à dire qu’à faire quand les institutrices de primaire font déjà très fréquemment des fautes dans ce qu’elles écrivent au tableau, et délaissent souvent les enfants ayant déjà des difficultés scolaires.


En parallèle, un deuxième axe de travail consiste à élaborer des règles communes à tout le personnel concernant la gestion des retards et des absences. Jusqu’à présent, chaque situation était gérée au cas par cas sans cohésion globale. Nous souhaitons que, dorénavant, lorsqu’une personne s’absente que ce soit pour maladie, à cause d’un décès ou autre, elle sache à l’avance les conséquences sur son salaire. Et que la gestionnaire qui élabore les fiches de paye n’ait pas à se demander ce qu’elle doit faire à chaque fois que la situation se présente.
Lorsque je suis arrivée, je n’ai trouvé
que peu d’indication concernant
les dépenses liées au fonctionnement de l’école.
Notre troisième objectif est de rendre compte de manière précise du fonctionnement budgétaire de l’école. Lorsque je suis arrivée, je n’ai trouvé que peu d’indication concernant les dépenses liées au fonctionnement de l’école. Nous avons donc fait un budget prévisionnel très approximatif. Cette année, nous avons mis en place des outils permettant une meilleure gestion financière.
Mon expérience, en tant que volontaire, ce n’est pas seulement travailler pour l’école, c’est aussi partager la vie quotidienne des Congolais. Je dois apprendre le Kituba, langue utilisée ici pour tous les échanges du quotidien, m’adapter à la nourriture locale, faire ma lessive à la main, penser à faire des réserves d’eau, négocier les prix, etc.



Le volontariat, c’est aussi des rencontres et surtout apprendre à faire confiance. Savoir que des personnes parlent de moi dans une langue que je ne maitrise pas, mais les savoir bienveillantes. Accepter de nouvelles expériences comme manger des chenilles ou des termites (je vous rassure, ce n’est pas mauvais). Voyager tassée avec six autres passagers dans une voiture au pare-brise souvent fissuré, savoir qu’un grand nombre de chauffeurs prennent les virages sur la file de gauche et ne peuvent donc rien voir de ce qui arrive en face, mais avoir confiance dans le fait d’arriver à destination sans incident. Bref, accepter l’aventure quand elle se présente.
Avoir confiance en moi aussi. Ici, quand on me demande, est-ce que tu sais faire, la réponse est toujours bien sûr que oui, ou il suffit que tu me montres et je saurais faire. Puis j’essaye. En général, ça suffit pour contenter. Si vraiment ma prestation est minable, on en rit ensemble. Dans un cas comme dans l’autre, on passe un bon moment.


Avoir confiance en moi aussi. Ici, quand on me demande, est-ce que tu sais faire, la réponse est toujours bien sûr que oui, ou il suffit que tu me montres et je saurais faire. Puis j’essaye. En général, ça suffit pour contenter. Si vraiment ma prestation est minable, on en rit ensemble. Dans un cas comme dans l’autre, on passe un bon moment.
Mon expérience au Congo va se poursuivre jusqu’en août 2023. J’ai encore une multitude de choses à découvrir et à apprendre sur le Congo et la vie quotidienne des habitants de Nkayi.
J’espère que mon travail et mon investissement pour l’école offrira aux enseignants des outils pour apporter un meilleur encadrement aux enfants, et aux élèves des clefs les aidant à mieux vivre en société. Il reviendra à chacun la liberté d’utiliser ou non ces méthodes que je leur aurais proposées. Quoi qu’il en soit, l’année à venir sera riche en nouvelles découvertes et surprises. Je serai très certainement confronté à de nouveaux sujets d’étonnement et parfois d’incompréhension qui me permettront de mieux connaitre les habitudes et les coutumes locales, qui me façonneront et me feront également en apprendre beaucoup sur moi-même.
