Rilyn est arrivée en France en septembre pour rejoindre L’Arche d’Aigrefoin en tant que volontaire de réciprocité. Par son engagement dans un pays du Nord elle renforce la solidarité Sud-Nord et nous rappelle que pour être intégral, le développement doit toucher « tous les hommes et tout l’homme ». Interview.
Qu’as-tu laissé derrière toi en quittant les Philippines ?
En tant que volontaire âgée de 22 ans, vivant loin de ma famille et de mon pays, c’est vraiment en effet, pas facile pour moi. Je ne suis qu’à mi-parcours mais mes 5 premiers mois de mission en France m’ont aidé à grandir. J’ai laissé aux Philippines ceux que j’aime, j’ai quitté ma zone de confort, les choses que j’avais l’habitude de manger, de faire, etc.
Je suis en France depuis septembre et la langue, le climat, la nourriture, les comportements et les cultures bousculent ma personnalité.

Peux-tu nous présenter L’Arche d’Aigrefoin ?
L’Arche est pour une famille, partageant la beauté et la simplicité d’une vie pleine de joie et d’amour. Nous prions Dieu ensemble et je suis tellement heureuse de ma mission qui consiste à partager le quotidien de personnes en situation de handicap. L’amour que je leur donne est plus important que l’amour qu’ils me donnent. Je ne m’attendais pas à avoir une relation si spéciale avec les personnes en situation de handicap et les personnes avec qui je travaille au sein de L’Arche. Elles sont si généreuses, attentionnée et serviable. Preuve en est qu’au début de ma mission, ma maman a eu un AVC, et du moment où je l’ai appris jusqu’à mon retour aux Philippines, elles furent toujours là pour m’aider autant qu’elles le pouvaient et elles priaient avec moi pour le rétablissement de la santé de ma maman, ce qui m’a beaucoup touché. J’ai repris ma mission avec un nouveau souffle et pleine d’espoir. Je vis chaque moment passé avec eux comme un trésor.

Tu vis donc quotidiennement avec des personnes en situation de handicap, dans quelle est-ce un défi ?
C’est vrai que ce n’est pas facile de vivre avec des personnes en situation de handicap. Mais, ce qui est beau, c’est qu’il a des personnes avec qui je peux retrouver quand j’ai besoin d’aide. Je suis en mesure de partager des bons comme des mauvais moments. Je m’amuse lorsque nous cuisinons, dansons, chantons, peignons et faisons toutes sortes de plaisanteries. Même s’ils se comportent différents, c’est vraiment important pour moi de les connaître, d’être capable de les soutenir et de bien m’occuper d’eux. Tout en sachant que je fais face à des émotions incontrôlables, parce que parfois ils sont joyeux et en quelques minutes ou secondes ils deviennent tristes, puis deviennent furieux. Cela demande d’être très patient avec eux. Être présent est très important pour qu’ils puissent sentir que quelqu’un est là pour les comprendre et les entendre, pour sentir qu’ils ne sont pas seuls.
Tu viens d’une très grande ville aux Philippines et tu vis désormais dans un tout autre environnement. Est-ce que tu te sens isolée ?
L’Arche d’Aigrefoin se trouve aux abords d’une très belle forêt. J’aime profondément ce lieu car c’est vraiment paisible et calme. Je trouve du réconfort ainsi connectée à la nature. Je ne me sens pas seule parce que j’ai avec moi de nouveaux et de vieux amis, et comme je ne suis pas loin de la Tour Eiffel et de Paris, je peux m’y rendre quand je le souhaite. Je peux dire que c’est vraiment une pause au milieu de ma vie aux Philippines.


Qu’apprends-tu ou découvres-tu grâce à ta mission de volontariat ?
Je découvre la culture, des lieux magnifiques et je fais même l’expérience de l’hiver ! Depuis que je me découvre un peu plus, je réalise qu’il reste un grand nombre de choses que je ne connais pas dans ce monde. J’apprends beaucoup au sujet des personnes en situation de handicap. J’apprends à être plus patiente. Par les conversations, je progresse beaucoup en français. J’apprends à être plus indépendante, à contrôler mes émotions, à mieux comprendre certains aspects de la vie et je me montre davantage reconnaissante depuis que je fais l’expérience d’apprécier chaque petite chose que Dieu m’offre. Enfin, je découvre que je suis dans la joie chaque fois que j’aide et que je contribue à la vie des autres.
D’après ton expérience, qu’est-ce qu’être volontaire de solidarité internationale ?
C’est vraiment les montagnes russes ! Cela demande du courage, du dévouement, de la patience et de l’énergie pour accomplir la mission. C’est une expérience incroyable mais il y a des jours où cela vous met réellement à l’épreuve et il n’appartient qu’à vous d’y faire face. Comme j’aime et j’apprécie ma mission, je suis souvent émue le soir en réalisant que le temps défile. A chaque fois que les personnes en situation de handicap sont heureuses dans les activités que nous faisons ensemble, cela remplit mon cœur de joie. Je ressens de la satisfaction et je remercie Dieu pour cela parce que c’est le plus grand accomplissement. Je me sens fière d’avoir fait quelque chose d’important dans cet instant hors-norme de ma vie.
